Une lutte de l’ensemble de la classe ouvrière est-elle à l’ordre du
jour, à plus ou moins court terme ? Officiellement, la classe
dirigeante affirme que non, qu’un tel phénomène appartient au passé.
Mais de temps à autre, elle laisse échapper quelques signes
d’inquiétude. Récemment, une enquête réalisée pour la banque Natixis
analysait la possibilité d’une « révolte des salariés ». L’auteur de
cette enquête se demande « si dans les pays de l’OCDE, les salariés
pourraient un jour se ''révolter'' contre les inégalités de revenu, la
déformation du partage des revenus en faveur des profits, la pauvreté,
la stagnation de leur revenu réel ».
Dans sa formulation même, cette question sonne comme un aveu. Elle fait clairement le lien entre la colère croissante de la population, d’une part, et d’autre part les politiques d’austérité menées au seul profit des plus riches. De fait, l’instabilité politique et le mécontentement des travailleurs plongent toujours leurs racines dans le contexte économique.
En outre, le début de guerre commerciale entre les Etats-Unis, la Chine et les pays de l’Union européenne est lourd de dangers pour l’économie mondiale. Les gros bas de l’économie, à commencer par les Etats-Unis de Trump, sont les premiers à se lancer dans la course. Mais derrière les effets d’annonce, ces tendances protectionnistes illustrent les faiblesses de l’économie mondiale. En période de crise, les classes dirigeantes nationales ont tendance à protéger leur marché intérieur – au risque de précipiter une nouvelle récession mondiale.
La croissance de l’Allemagne illustre bien ce phénomène à l’échelle de l’Union Européenne, car sa croissance repose essentiellement sur un excédent commercial réalisé sur le dos des autres pays européens. Dans Les Echos, l’économiste Samy Chaar soulignait récemment que « la croissance de l’Allemagne continue de trop reposer sur la demande des autres économies. Quand on est la troisième ou quatrième économie mondiale, on se doit d’être aussi une source de demande importante. C’est la condition pour que la zone euro soit forte ». Autrement dit, une Europe forte ne serait possible que si la classe dirigeante allemande voulait bien ne pas tirer profit de la compétitivité de l’économie allemande... On peut douter que l’appel de Samy Chaar émeuve beaucoup les capitalistes allemands.
La crise économique s’est accompagnée de politiques austéritaires et d’attaques répétées contre les droits et conditions de vie des masses. En France, Sarkozy, Hollande et Macron ont mené sensiblement la même politique anti-sociale, provoquant des luttes massives en 2010, 2016 et 2018. La classe dirigeante doit augmenter le taux d’exploitation des travailleurs pour compenser le ralentissement de la croissance économique. Cela passe notamment par le gel des salaires, l’allongement de la journée de travail et l’intensification du travail.
Cette politique réussit très bien aux plus fortunés. En 2018, les 500 premières fortunes françaises (soit 0,001 % de la population) s’approchent des 650 milliards d’euros, soit 30 % du PIB du pays. Ces fortunes indécentes, au regard des salaires que touchent la grande majorité des travailleurs, n’ont fait qu’augmenter depuis que le magazine Challenges, en 1996, nous livre ces chiffres. Le total du patrimoine des plus riches est passé de 81 milliards d’euros, en 1996, à 650 milliards d’euros aujourd’hui. Leur fortune a doublé depuis la crise de 2008. Les dix premiers du classement ont vu leur fortune quadrupler !
Mais surtout, on a assisté, ces 12 derniers mois, à un nombre croissant de grèves locales très combatives. En témoignent, par exemple, la longue grève des postiers dans les Hauts-de-Seine, la lutte des hospitaliers de Pinel ou encore la grève de 77 salariés d’un McDonald’s à Marseille, depuis le 8 août. Les luttes gagnent également des secteurs qui n’avaient pas l’habitude de se mettre en grève, comme chez Deliveroo, Vélib ou encore, en avril dernier, chez Carrefour, où la participation à la grève a atteint 90 % dans certaines régions.
Ces grèves reflètent une combativité croissante de l’ensemble des salariés. Elles contrastent avec les routinières « journées d’action » appelées par les directions syndicales, au niveau national. Celles-ci ont été de moins en moins suivies, au fil des années, car une large partie des travailleurs a pris acte de l’impossibilité de gagner quoi que ce soit sur la base d’une telle stratégie. Une grande partie des salariés ne voient plus l’intérêt de perdre une journée de salaire dans des « journées d’action » qui n’obtiendront pas de résultat.
Ce décalage entre des grèves locales combatives – et qui pour certaines sont victorieuses, au moins partiellement – et la vaine stratégie des journées d’action, nous amène à l’idée que le rapport de forces pourrait être tout autre si l’énergie et la combativité de la base étaient déployées au niveau national par les directions syndicales. Bien sûr, nous ne prétendons pas que, d’un claquement de doigts, tous les travailleurs sont prêts à se lancer dans une grève générale. Mais le rôle des directions syndicales est d’expliquer la nécessité d’organiser une grève reconductible dans un maximum de secteurs, si on veut mettre un coup d’arrêt à la politique du gouvernement.
Quoi qu’il en soit, les capitalistes ont bien raison de s’inquiéter du développement de la lutte des classes, car à l’avenir des nouveaux mouvements d’ampleur émergeront face aux attaques répétées de Macron. Cela posera la question, de manière toujours plus insistante, de la stratégie à adopter pour faire échec à la politique de Macron – et ouvrir la perspective d’une alternative au système économique et social qu’il défend.
Dans sa formulation même, cette question sonne comme un aveu. Elle fait clairement le lien entre la colère croissante de la population, d’une part, et d’autre part les politiques d’austérité menées au seul profit des plus riches. De fait, l’instabilité politique et le mécontentement des travailleurs plongent toujours leurs racines dans le contexte économique.
La crise économique
Marx expliquait que les conditions pour renverser un système économique sont mures quand celui-ci n’est plus capable de développer les forces productives et, dès lors, de répondre aux besoins de la population. Or aujourd’hui, on assiste à la plus faible phase de « reprise » de l’histoire du capitalisme. Dix ans après la crise de 2008, l’économie française a atteint un « pic » de 2 % en 2017, mais ralentit de nouveau : elle a crû de 0,2 % sur les deux premiers trimestres de 2018, contre 0,7 % sur la fin de 2017. Autre signe négatif pour la France, le pouvoir d’achat baisse. L’augmentation (moyenne) des salaires, de 1,5 % sur un an, ne compense plus la hausse des prix, qui ont augmenté de 1,7 % sur la même période. Autrement dit, les salaires réels ont baissé.En outre, le début de guerre commerciale entre les Etats-Unis, la Chine et les pays de l’Union européenne est lourd de dangers pour l’économie mondiale. Les gros bas de l’économie, à commencer par les Etats-Unis de Trump, sont les premiers à se lancer dans la course. Mais derrière les effets d’annonce, ces tendances protectionnistes illustrent les faiblesses de l’économie mondiale. En période de crise, les classes dirigeantes nationales ont tendance à protéger leur marché intérieur – au risque de précipiter une nouvelle récession mondiale.
La croissance de l’Allemagne illustre bien ce phénomène à l’échelle de l’Union Européenne, car sa croissance repose essentiellement sur un excédent commercial réalisé sur le dos des autres pays européens. Dans Les Echos, l’économiste Samy Chaar soulignait récemment que « la croissance de l’Allemagne continue de trop reposer sur la demande des autres économies. Quand on est la troisième ou quatrième économie mondiale, on se doit d’être aussi une source de demande importante. C’est la condition pour que la zone euro soit forte ». Autrement dit, une Europe forte ne serait possible que si la classe dirigeante allemande voulait bien ne pas tirer profit de la compétitivité de l’économie allemande... On peut douter que l’appel de Samy Chaar émeuve beaucoup les capitalistes allemands.
Inégalités croissantes
La crise de 2008 n’a pas empêché les inégalités de croître. Au contraire. Partout, il a fallu choisir – des riches ou des pauvres – qui allait payer la crise. Et partout, la bourgeoisie a choisi d’épargner les plus favorisés. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.La crise économique s’est accompagnée de politiques austéritaires et d’attaques répétées contre les droits et conditions de vie des masses. En France, Sarkozy, Hollande et Macron ont mené sensiblement la même politique anti-sociale, provoquant des luttes massives en 2010, 2016 et 2018. La classe dirigeante doit augmenter le taux d’exploitation des travailleurs pour compenser le ralentissement de la croissance économique. Cela passe notamment par le gel des salaires, l’allongement de la journée de travail et l’intensification du travail.
Cette politique réussit très bien aux plus fortunés. En 2018, les 500 premières fortunes françaises (soit 0,001 % de la population) s’approchent des 650 milliards d’euros, soit 30 % du PIB du pays. Ces fortunes indécentes, au regard des salaires que touchent la grande majorité des travailleurs, n’ont fait qu’augmenter depuis que le magazine Challenges, en 1996, nous livre ces chiffres. Le total du patrimoine des plus riches est passé de 81 milliards d’euros, en 1996, à 650 milliards d’euros aujourd’hui. Leur fortune a doublé depuis la crise de 2008. Les dix premiers du classement ont vu leur fortune quadrupler !
La lutte des classes
Rien d’étonnant donc, si les luttes se développent. Hollande avait attendu quatre ans pour essuyer son premier mouvement social d’ampleur, avec la loi Travail. Macron, lui, n’a pas pu fêter sa première année au pouvoir sans avoir bataillé pour faire enterrer le statut du cheminot et imposer la sélection à l’Université. D’ores et déjà, une très large couche des travailleurs n’a plus aucune illusion dans la politique de Macron.Mais surtout, on a assisté, ces 12 derniers mois, à un nombre croissant de grèves locales très combatives. En témoignent, par exemple, la longue grève des postiers dans les Hauts-de-Seine, la lutte des hospitaliers de Pinel ou encore la grève de 77 salariés d’un McDonald’s à Marseille, depuis le 8 août. Les luttes gagnent également des secteurs qui n’avaient pas l’habitude de se mettre en grève, comme chez Deliveroo, Vélib ou encore, en avril dernier, chez Carrefour, où la participation à la grève a atteint 90 % dans certaines régions.
Ces grèves reflètent une combativité croissante de l’ensemble des salariés. Elles contrastent avec les routinières « journées d’action » appelées par les directions syndicales, au niveau national. Celles-ci ont été de moins en moins suivies, au fil des années, car une large partie des travailleurs a pris acte de l’impossibilité de gagner quoi que ce soit sur la base d’une telle stratégie. Une grande partie des salariés ne voient plus l’intérêt de perdre une journée de salaire dans des « journées d’action » qui n’obtiendront pas de résultat.
Ce décalage entre des grèves locales combatives – et qui pour certaines sont victorieuses, au moins partiellement – et la vaine stratégie des journées d’action, nous amène à l’idée que le rapport de forces pourrait être tout autre si l’énergie et la combativité de la base étaient déployées au niveau national par les directions syndicales. Bien sûr, nous ne prétendons pas que, d’un claquement de doigts, tous les travailleurs sont prêts à se lancer dans une grève générale. Mais le rôle des directions syndicales est d’expliquer la nécessité d’organiser une grève reconductible dans un maximum de secteurs, si on veut mettre un coup d’arrêt à la politique du gouvernement.
Quoi qu’il en soit, les capitalistes ont bien raison de s’inquiéter du développement de la lutte des classes, car à l’avenir des nouveaux mouvements d’ampleur émergeront face aux attaques répétées de Macron. Cela posera la question, de manière toujours plus insistante, de la stratégie à adopter pour faire échec à la politique de Macron – et ouvrir la perspective d’une alternative au système économique et social qu’il défend.
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