Le secrétaire de la CFDT rejoint ouvertement le camp du pouvoir et de sa répression
Ce mercredi matin, jour de la fête des travailleurs, Laurent Berger a choisi de rappeler quel est son camp : « Je condamne par avance toutes les violences gratuites, toutes les violences qui vont être opérées par les uns et par les autres, par les blacks blocs et autres… Je crois que ceux-là n’ont rien à voir avec la journée internationale des travailleurs ». Il n’a d’ailleurs pas précisé si dans la catégorie « autres » il mettait les policiers. Mais la suite de ses déclarations a prouvé que non.
Tout en prenant soin de passer un coup de brosse à reluire aux « gens sincères » qui manifestent pour exprimer une idée, une opinion qu’il juge totalement « respectable(s) », il déclare que les violences « gratuites » ou même « motivées » sont inacceptables.
Tout en prenant soin de passer un coup de brosse à reluire aux « gens sincères » qui manifestent pour exprimer une idée, une opinion qu’il juge totalement « respectable(s) », il déclare que les violences « gratuites » ou même « motivées » sont inacceptables.
Il ne se contente d’ailleurs pas d’emboucher la trompette de Macron et Castaner pour condamner « les violences » mais considère que les fauteurs de trouble viennent interférer de manière « malheureuse » dans les manifestations syndicales. Autrement dit, ce serait une lèpre dont le mouvement ouvrier devrait se garder à bonne distance. : « Ils n’ont pas leur place dans les manifestations sociales, la CFDT les condamne »déclare-t-il sur FranceInfo.
Plus grave et plus honteux encore, il apporte, toujours sur Francinfo, son « soutien » aux forces de l’ordre qui adoptent aujourd’hui les techniques de répression qui ont valu la mort de Malik Oussekine en 1986 avec le grand retour des « voltigeurs » : … « Ça vaut le coup de leur apporter un soutien aujourd’hui parce que je crois que personne ne veut voir des actes de destruction comme on a vu parfois ces dernières semaines.
"Il y a beaucoup de contrôles et c’est normal, affirme-t-il encore. « Il y a beaucoup de stations de métro fermées. Il ne faut pas laisser les violents, ceux qui n’ont rien à voir avec nos valeurs républicaines, avec le respect des forces de l’ordre, prendre le pas sur les revendications sociales. Mais malheureusement on le sait, la violence est là, il faut la combattre, il faut la condamner ».
Quelle indignité ! Comment peut-on aller aussi loin dans l’intégration à l’appareil d’Etat alors qu’il atteint des seuil de répression et de violence extraordinaires, gazant, mutilant, tuant, incarcérant, condamnant… des centaines voire milliers de personnes.
Une alliance précieuse pour museler la colère sociale
Cette attitude, si elle a de quoi stupéfier, n’a rien d’illogique dans une journée qui intervient après la période du grand débat et le discours de Macron et qui, malgré le caractère de fête traditionnelle du mouvement ouvrier, revêt une intensité politique élevée. Conscient de l’enjeu, Laurent Berger, allié patent du pouvoir et du patronat, mais cependant respectueux de la posture de partenaire social, monte aujourd’hui ouvertement au créneau.
Le discours de Macron n’a pas répondu aux revendications des gilets jaunes et cela n’est plus un mystère pour personne, à commencer par Macron lui-même. Pour délégitimer toute colère, ou toute expression de colère, et justifier du même coup la répression des « casseurs » il importait d’abord de donner un satisfecit à Macron pour ses « propositions ». C’est évidemment ce qu’a commencé par faire Berger, immédiatement après le discours tant attendu du président.
Tout en prenant soin d’adopter une posture mi-chèvre-mi chou, comme il sied à un représentant des corps intermédiaires, Laurent Berger a tiré finalement un bilan « globalement positif » du discours de Macron qu’il a salué en ces termes : « Ca n’a pas été le concours Lépine de la connerie »… « Il ne s’est pas rien passé ». Même alambiquée, l’approbation tranchait avec l’avis général, et en particulier celui des gilets jaunes, qui jugeait beaucoup plus sévèrement les propositions, ou plutôt l’absence de propositions de Macron. Les nuances prudentes du Secrétaire Général de la CFDT ont plutôt été du genre « chiche, fais-le », son seul regret porte sur l’écologie. Pour le reste il s’est contenté de dire qu’il attendait la traduction des intentions en réalisations concrètes.
Concluant qu’il n’était « ni dans l’extase, ni dans la dépression », simplement dans l’attente de la suite, il a laissé à Macron toute sa « légitimité républicaine ». De quoi penser qu’il sera le premier à rappeler à Macron ses « promesses » y compris et surtout celles dont les travailleurs ne veulent pas mais qui ne seront pas pour déplaire au patronat.
De quoi surtout entonner cet incroyable halali contre les « violents » et oser inviter les représentants du mouvement ouvrier présents à la manifestation du premier mai à aller casser la gueule aux « violents ». Macron peut lui dire merci et nous le conspuer.
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