Trois syndicalistes CGT et un cadre du fabricant de papier fiduciaire et sécurisé ont déposé une offre de reprise.
Quatre mois après le placement brutal de leur usine en liquidation judiciaire, les Arjo de Jouy-sur-Morin (Seine-et-Marne) ne s’avouent pas vaincus. Le 3 mai, quatre d’entre eux – trois syndicalistes CGT et un cadre – ont déposé une nouvelle offre de reprise au tribunal de commerce pour faire renaître l’entreprise de fabrication de papier bancaire et fiduciaire sous forme de société coopérative (Scop). Les porteurs du projet devraient inviter ces prochains jours l’ensemble des ex-salariés à se joindre à eux pour donner corps à cette option. Reposant sur un modèle de production de papier écologique à base de chanvre destiné au papier fiduciaire et de sécurité, mais aussi d’art et de décoration, ce projet vise à réembaucher 120 des 200 salariés licenciés de l’usine au démarrage. Si la démarche industrielle, sociale et écoresponsable derrière ce projet semble convaincante, le plan de financement n’est lui pas encore totalement bouclé. « Outre la part qui viendrait des indemnités de licenciement et de la prime de Pôle emploi pour reprise d’entreprise, nous attendons un retour de l’union régionale des Scop (Urscop) qui pourrait nous aider à trouver des partenaires financiers intéressés par un investissement écologique », explique Patrice Schaafs, délégué CGT partie prenante de l’initiative. « Ce projet s’inscrit dans une vision de transition énergétique dont le président Macron ne cesse de parler », relève-t-il, espérant que les incantations environnementales de l’exécutif se traduiront en actes. Le collectif de salariés à l’initiative de ce plan demandent notamment le soutien de la Banque publique d’investissement, de la Banque de France et du Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle). Reste à savoir si cette offre emportera les faveurs du tribunal de commerce, face à un projet concurrent formulé par d’autres ex-salariés. « Le liquidateur doit transmettre cette offre au juge-commissaire, qui devrait normalement l’examiner sous un mois », précise Patrice Schaafs.
En attendant, les relations entre la CGT et le liquidateur judiciaire ne sont pas au beau fixe. Le 6 mai, celui-ci a assigné en référé Patrice Schaafs et un autre ancien salarié du site pour entrave à la procédure de liquidation. « Tout ça parce qu’on occupe l’entrée de l’usine ; on empêcherait le déroulement de certaines opérations, mais c’est faux : les inventaires, recensement, dépollution se sont faits. Aucune entreprise qui devait intervenir n’a été empêchée de le faire », assure le délégué CGT. Les deux ex-salariés d’Arjowiggins Security comparaîtront aujourd’hui devant le TGI de Meaux. Dans un communiqué de presse, le député communiste du Nord, Fabien Roussel, a appelé l’État à se mobiliser pour soutenir l’ensemble des sites Arjowiggins, dont Arjowiggins Security, et plus globalement la filière papetière hexagonale.
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