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À Bangalore, « Silicon Valley » indienne, près de 500.000 personnes travaillent dans des usines de confection, essentiellement tournées vers l’exportation. Les déplorables conditions de travail continuent de peser sur la vie de ces travailleurs, majoritairement des femmes. Dans l’État du Karnataka, Jihane Habachi de l’ONG Frères des Hommes, a rencontré les syndicats qui tentent de les soutenir dans leurs luttes.
Laver, couper, repasser, teindre, étiqueter et surtout coudre... Toutes ces tâches représentent le quotidien des petites mains d’une industrie qui joue un rôle-clé dans l’économie indienne. C’est aujourd’hui en Asie qu’est produite la majorité des vêtements vendus sur le marché mondial. En Inde, l’industrie textile représente 14% de la production industrielle et plus de 30% des exportations. Plus de 35 millions d’employés travaillent dans ce secteur, dont beaucoup de femmes et de membres des castes les plus basses.
Dans le sud de l’Inde, à Bangalore – plus connue pour ses performances dans les nouvelles technologies – 500.000 personnes travaillent dans le secteur textile, pour 12.000 usines. Les femmes représentent plus de 80% de la force de travail. Mais ces travailleurs ne bénéficient que très peu des revenus que leur travail génère. Et la bataille pour leurs droits est difficile. Moins de 5% des travailleurs de ce secteur sont syndiqués [1]. Près de 45.000 syndicats sont officiellement enregistrés, en plus des 13 syndicats « centraux » nationaux quasiment tous liés à un parti politique. Mais très peu se sont intéressés au secteur textile : « La plupart des syndicats pensent qu’il est bien trop difficile d’organiser ce secteur et préfèrent se concentrer sur d’autres », explique Sebastian Devaraj, président de Karnataka Garment Workers Union (KGWU). Créé en juillet 2009, sous l’impulsion de l’ONG Fedina (Foundation for Educational Innovations in Asia), ce syndicat des travailleurs de la confection de l’État du Karnataka, situé au sud du pays, se bat pour obtenir des conditions de travail plus justes.
Un droit du travail systématiquement bafoué
S’organiser n’a pas été facile. « Au départ, les ouvriers ont peur, même seulement de prendre un tract distribué par les membres du syndicat », explique Sebastian Devaraj. « Les employeurs disent aux ouvriers que dès que les syndicats entrent dans une usine, cette dernière devra fermer. La menace de la perte de leur emploi est très forte. La peur les domine et les empêche de demander leurs droits. » La grande majorité des travailleurs ne connaît pas les lois du travail en vigueur. Temps de travail, jour de repos hebdomadaire, congés, maladie… Les lois indiennes couvrent tous les aspects de la protection des travailleurs, du moins en théorie.
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