Au printemps 2011, le Gouverneur du Wisconsin a fait voter une loi limitant grandement les droits syndicaux des agents publics dans son État, déclenchant un mouvement social et des débats de grande ampleur dans l’ensemble du pays. C’est pourtant dans ce même État que s’était mis en place, un peu plus de cinquante ans auparavant, le premier système de négociations collectives dans la fonction publique d’État, quelques années avant que John Kennedy ne l’institue par décret pour la fonction publique fédérale.
Jean-Christian Vinel retrace les grandes étapes de cette évolution historique qui va de la démocratisation de l’emploi public à sa mise en danger actuelle, au nom du poids que feraient peser sur les budgets publics les avantages sociaux des fonctionnaires. Il met alors en lumière, derrière les discours libéraux et au-delà de la fonction publique, les enjeux de cette attaque des conservateurs contre l’une des institutions fondamentales du salariat américain, l’institution syndicale, là où elle est aujourd’hui la plus forte : dans le secteur public.
« Notre objectif ultime doit être le démantèlement de tous les syndicats dans le public. Les agents du public sont payés deux fois plus que les salariés du privé, et le contribuable ne peut plus suivre. Si nous ne parvenons pas à éliminer ces syndicats, les USA commenceront à ressembler à l’Europe : des émeutes contre la réforme des retraites en France, un gouvernement en faillite en Grèce, des manifestations contre les restrictions budgétaires en Autriche ou en Grande Bretagne. Aux États Unis, nous pouvons encore sauver notre république, mais il faut agir maintenant » (Alyssa Kaedian, « Eliminate Public Sector Unions ! », Red State, 11 Novembre 2010).
Publiés au mois de novembre 2010, en pleine campagne électorale, sur le célèbre blog Red State, ces propos témoignent fort bien de la détermination des élus et commentateurs politiques conservateurs qui, depuis le début de la récession économique, dénoncent avec force la pression exercée par les syndicats des agents publics sur les finances des États et collectivités locales. À l’instar du Gouverneur du Wisconsin, qui a fait voter au printemps 2011 une loi limitant grandement les droits syndicaux des agents, les conservateurs américains avancent que les salariés du public (public employees ou government employees) – soit quelques 20 millions d’agents répartis sur trois niveaux de responsabilité politique, l’État Fédéral, les cinquante États, et les comtés et municipalités — ne devraient jouir ni de la liberté syndicale, ni du droit de négocier des conventions collectives.
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