mardi 19 juillet 2011

La France veut-elle privatiser ses forêts et se débarrasser de l’ONF ?

Par Raphaël Baldos
Trois suicides en un mois ont endeuillé l’Office national des forêts (ONF), qui gère un quart des zones boisées. Un mal-être social se répand chez les gardes forestiers alors qu’une note de la direction générale du Trésor suggère de privatiser en partie le service public de la forêt. Objectif de l’État : extraire toujours plus de bois dans un contexte où les réductions d’effectifs s’accentuent. Syndicats et communes forestières s’inquiètent. La forêt, ce n’est pas seulement des troncs découpés en planches : c’est aussi un lieu de préservation de l’environnement et de lien social. 
Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse, dit le proverbe. En décembre dernier, une simple feuille de papier a provoqué un raffut encore plus assourdissant. Une note de la direction générale du Trésor envisage de modifier en profondeur le régime forestier, c’est-à-dire les règles applicables aux forêts publiques. Elle propose aussi de privatiser certaines activités de l’Office national des forêts (ONF), qui gère 25% de la surface boisée nationale (soit 4,7 millions d’hectares de forêt, 12 millions d’hectares appartenant à3,5 millions de propriétaires privés). Une vraie bombe lancée au cœur du massif public français, à quelques mois de la renégociation du contrat État-ONF pour 2012-2016.
Un patrimoine naturel jusqu’ici préservé d’une vision court-termiste
Pour les 11.000 communes propriétaires de bois, le régime forestier [1] garantit la préservation de leur patrimoine naturel. Il leur assure notamment des rentrées financières grâce aux ventes de bois. Grâce à l’ONF, seul gestionnaire autorisé à mettre en œuvre le régime forestier, elles bénéficient des compétences nécessaires pour assurer le renouvellement de la ressource en bois.
« L’ONF a un rôle important de maintien des espaces forestiers. Il est souvent l’un des derniers services publics en milieu rural. Il garantit qu’on n’y fait pas n’importe quoi, en gérant à la fois la production de bois, la protection des espaces sensibles et l’accueil du public. Si on confie cette mission à des entreprises privées, celles-ci chercheront à obtenir un résultat immédiat, opposé à une gestion à long terme », s’inquiète Alain Lesturgez, directeur de la Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR). Celle-ci, réunie en assemblée générale le 27 mai à Fréjus, a indiqué qu’elle ne signerait le nouveau contrat État-ONF que si les intérêts des communes sont préservés, évoquant les « propositions scélérates » de la note du Trésor.
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