A Albertville, six employées d’un supermarché ED-Dia débrayent chaque dimanche depuis deux ans contre une décision de la direction.
Par Luc Peillon envoyé spécial à Albertville
Un air d’accordéon suinte d’une sono fatiguée. Sous un soleil de plomb, le curé entraîne une des filles pour quelques pas de danse sur le parking du supermarché. On rigole, on applaudit avec la cinquantaine de personnes réunies sous les quatre bâches tendues face à la station essence.
Zone commerciale d’Albertville (Savoie), dimanche matin : le petit groupe - plutôt âgé - s’est donné rendez-vous ce 26 juin pour célébrer la date anniversaire d’un
mouvement inédit : le 90e dimanche de grève des caissières d’ED-Dia contre le travail dominical. Bientôt deux ans de lutte pour ces six femmes «têtues comme des Savoyardes», dixit un supporteur, devenues au fil des mois un symbole de résistance dans la région.
Bientôt deux ans que Corinne, Peggy, Valérie et les autres - qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige - se lèvent chaque septième jour de la semaine pour venir perdre une journée de repos, pour la plupart d’entre elles , et le salaire d’une matinée de travail, pour la caissière planifiée ce jour-là.
Deux ans à se faire traiter de «feignasse», «pétasse» ou «petite pute» par de nombreux clients pour un combat qui a fini par dépasser le périmètre du parking commercial.
La décision d’ouvrir le dimanche ? «Elle est tombée d’un coup, en septembre 2009, du siège régional de la société, se souvient Corinne Pointet, 46 ans, l’une des six caissières grévistes. Même le directeur du magasin était contre, sauf qu’il n’avait pas le choix.» Les plannings du mois sont déjà arrêtés. Toutes, «à l’exception d’une collègue», refusent l’injonction de la direction.
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