Un rapport de l’inspection des finances sur le prix du
carburant doit être remis ce matin au ministre de l’Économie. L’Humanité
a décrypté la composition du prix. Conclusion: le pétrole cher n’est
pas une fatalité. De l’extraction à la fabrication et jusqu’à la pompe,
tout au long du processus de production, les compagnies pétrolières
organisent la spoliation.
1. Coût d’extraction : l’opacité
Première explication avancée par les majors pour justifier les prix :
il faut creuser de plus en plus profond et aller dans les zones de plus
en plus difficiles d’accès pour pouvoir exploiter l’or noir. Du coup,
les coûts d’extraction seraient de plus en plus élevés. En vérité, le
coût d’extraction des gisements varie en fonction de l’endroit où ils
sont forés. Pour un baril, le coût de production peut aller de 20 à
80 dollars. Pourtant, sur le marché du Brent (forage en mer du Nord),
les compagnies pétrolières établissent un prix unique du baril au niveau
du gisement dont le coût est le plus élevé, soit 80 dollars. Elles
s’assurent ainsi une marge confortable, dans la mesure où une grande
partie de leur production leur revient moins cher. Problème : à ce
niveau de l’élaboration des prix, l’opacité règne. « Il faudrait
fouiller dans les comptes des compagnies pétrolières pour connaître le
coût d’extraction de chacun des puits mais également ce qui est mis
véritablement sur le marché. Or, c’est une véritable boîte noire »,
explique Céline Antonin, économiste à l’OFCE.
2. Prix du baril : la spéculation permanente
Second argument : tension géopolitique et forte demande asiatique
provoquent de graves déséquilibres entre l’offre et la demande et une
explosion du prix du baril. Le 21 juin, le baril était coté à 89 dollars
mais, depuis, il a progressé de plus de 30 %, alors que
la conjoncture
économique
est mauvaise et que la demande en pétrole des marchés
émergents tend à diminuer. Dans ce marché en tension, la spéculation
« est permanente, même s’il est difficile d’en évaluer le montant »,
note l’économiste de l’OFCE. Avec l’amas de liquidités émises par les
banques centrales et la crise de la zone euro, les boursicoteurs sont
tentés de se tourner vers cet actif. Résultat, le prix de la matière
première atteint des records.
3. Raffinage : le coût de la dépendance
En trente ans, le marché du carburant a totalement évolué et la
dépendance s’est accrue. La France importe un quart des produits
raffinés et 40 % de sa consommation en gazole, qui a explosé avec
l’accroissement des ventes de véhicules diesel. Plutôt que d’investir
dans l’adaptation de leurs raffineries, les compagnies pétrolières ont
gelé les investissements, fermé progressivement les usines les moins
rentables pour délocaliser la production.
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