Marinaleda est une ville sans chômage et aux
loyers modiques. Alors que la politique d’austérité bat son plein en
Espagne, son maire, Juan Manuel Sanchez Gordillo, a pris la tête d’un
mouvement de résistance populaire.
Juan Manuel Sánchez Gordillo a fait la une des
journaux ces derniers jours après avoir mené une “expropriation forcée”
de produits alimentaires dans plusieurs supermarchés, au côté de ses
camarades du Syndicat andalou des travailleurs (SAT), pour les
distribuer aux plus défavorisés. C’est dire si cet homme est un
dirigeant singulier au sein de la classe politique espagnole.
Anticonformiste, il a été critiqué pour ses dernières actions, y compris
dans les rangs de la coalition de gauche Izquierda Unida [l’équivalent
du Front de gauche français], dont son organisation, le Collectif uni
des travailleurs-Bloc andalou de gauche, fait partie depuis 1986.
Sánchez Gordillo est un dirigeant historique du Syndicat des ouvriers
agricoles (SOC), colonne vertébrale de l’actuel SAT. En outre, depuis
1979, il est maire de Marinaleda, une petite localité [de près de 3 000
habitants] de la région de Séville. Là, grâce à la participation et au
soutien des habitants, il a lancé une expérience politique et économique
originale qui a fait de ce village une sorte d’île socialiste dans la
campagne andalouse.Avec la crise économique, Marinaleda a eu l’occasion de vérifier si son utopie sur 25 kilomètres carrés était une solution viable face au marché. Son taux de chômage actuel est de 0 %. Une bonne partie des habitants sont employés par la Coopérative Humar-Marinaleda, créée par les ouvriers agricoles eux-mêmes après des années de lutte. Longtemps, les paysans ont occupé les terres de l’exploitation agricole Humoso [qui appartenaient à un aristocrate] et à chaque fois ils étaient dispersés par la Guardia Civil [la gendarmerie espagnole]. “La terre est à ceux qui la travaillent”, clamaient-ils. En 1992, ils ont fini par obtenir gain de cause : ils sont désormais propriétaires de l’exploitation. Sur leur site web, ils précisent que leur “objectif n’est pas de faire des bénéfices, mais de créer des emplois par la vente de produits agricoles sains et de qualité”.
Ils produisent des fèves, des artichauts, des poivrons et de l’huile d’olive vierge extra. Les travailleurs eux-mêmes contrôlent toutes les phases de la production, la terre appartient à “l’ensemble de la collectivité”. L’exploitation comprend une conserverie, un moulin à huile, des serres, des équipements d’élevage, un magasin. Quel que soit leur poste, les travailleurs reçoivent tous un salaire de 47 euros la journée et travaillent 6 jours par semaine, soit 1 128 euros par mois pour 35 heures par semaine [le salaire minimum est de 641 euros].
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