Les résultats de notre sondage CSA sont sans appel. Soixante-douze
pour cent des Français souhaitent qu’un référendum soit organisé pour
ratifier le traité européen qui instaure
à l’échelle du continent la
règle d’or chère à Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Les électeurs de
Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle sont les plus nombreux à
le souhaiter, mais c’est également le cas
des deux tiers des électeurs
socialistes qui ont en mémoire
le onzième des soixante engagements de
François Hollande qui prévoyait la renégociation du traité. Pour
l’heure, rien de consistant n’a été obtenu et c’est toujours sous la
toise des marchés financiers qu’il s’agit de courber les peuples du
continent, de les enfermer dans une austérité à perpétuité. « Les
privilégiés égoïstes, écrivait Jaurès, veulent jeter sur leurs
privilèges le manteau pourpre » de la raison
et de la vertu. C’est tout
le contraire en la circonstance :
les milieux dirigeants allient
l’injustice à l’inefficacité qui conduit à la récession et même à des
reculs de civilisation, comme en témoigne le cortège de souffrances qui
emporte
la Grèce. Alors qu’il faudrait l’en libérer, François Hollande a
souhaité, à la fin de la semaine, que ce pays s’y conforme docilement.
Comment l’Europe pourrait-elle survivre longtemps à une loi si
inhumaine ?
On comprend mieux pourquoi les partisans
de cette règle d’or et de
cette poigne de fer
(les sarkozystes, réunis vendredi à Nice) ou ceux
qui ne se sentent pas le courage de les combattre (une bonne partie des
dirigeants socialistes réunis à La Rochelle) préféreraient ne pas être
obligés à un débat public qui dévoilerait les dangers de ce traité.
Faut-il pour autant se prêter à une violation de la souveraineté
populaire en écartant
le peuple de ce débat ? Faut-il commettre cette
sorte de coup d’État à froid qui entraverait les possibilités de
réformes progressistes à l’avenir ? L’opinion sent bien que cette
volonté de ratifier ce texte en se passant de son consentement cache de
troubles desseins. C’est pourquoi elle veut être consultée.
Jean-Marc Ayrault sent ce trouble et a voulu, ce week-end, imposer
une discipline de fer à sa majorité gouvernementale. En effet, une
grande partie des militants d’EELV est hostile à l’imposition d’un tel
traité et le malaise court parmi les militants socialistes. Récemment,
seize députés PS ont demandé au président de « peser davantage sur le
débat européen ».
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