Dans les rues et sur les places, de
Turquie à la Grèce, du Brésil à l’Espagne, du Portugal à l’Egypte,
d’Israël à la Tunisie, la jeunesse fait souffler le vent des exigences
de justice et de démocratie sur la planète. Aucune situation dans le
déclenchement de ces mouvements multiformes n’est comparable. Et
pourtant, ils sont la manifestation d’une lutte féroce entre les tenants
de l’ordre capitaliste et les jeunes générations qui crient partout au
partage des richesses, à la réinvention de la démocratie, à l’accès au
savoir ou à la santé. Partout, elles appellent le gouvernement de
l’intérêt général contre la corruption, pour une autre utilisation de
l’argent, contre la privatisation des richesses, la participation
citoyenne aux décisions au lieu de l’arbitraire et des déploiements
policiers. Bref, elles appellent à la « société commune » contre les
puissances industrielles et financières, qui elles, concentrent les
pouvoirs et l’argent entre leurs mains.
De partout, des pays arabes,
particulièrement en Egypte ces derniers jours, d’Amérique Latine,
d’Europe, surgit et se déploie une véritable énergie sociale s’opposant
au pouvoir sans partage de l’oligarchie qui mène la planète à la ruine
et à la catastrophe écologique. En Turquie, le déclenchement du
mouvement aura été la défense d’un espace vert, un espace public
d’Istanbul symbole de la convivialité et du partage contre le bétonnage,
contre le « super » marché. Au-delà, comme en Egypte, c’est
l’autocratie qui est contestée. Au Brésil, une augmentation des prix des
transports s’est transformée en un grand mouvement populaire réclamant
une inflexion politique à gauche. C’est-à-dire l’investissement dans des
services publics de transport, de santé, d’éducation au moment où des
dizaines de milliards vont être dépensés pour accueillir la coupe du
monde de football. Elle-même de plus en plus privatisée. Tout est dans
cette contradiction : pour accueillir la coupe du monde, des milliards
de dollars valsent, y compris des fonds publics, qui ensuite, sont
privatisés par la fédération internationale de football qui impose
toutes ses conditions avec des lois votées pour elle, des entrées aux
stades hors de prix, un droit à l’information bafoué, sur un fond de
corruption, alors que le travail est précarisé et que la santé, l’école,
les transports sont toujours plus chers et déficients. Les progrès
enregistrés dans la lutte contre la pauvreté et le chômage, sous
l’impulsion de Lula, ne s’accélèrent pas. C’est d’ailleurs ce qui a
conduit la présidente Dilma Rousseff à s’appuyer sur le mouvement en
proposant un référendum pour aller plus vite et plus loin vers plus de
justice. Au fond, ces manifestations tendent à être un mouvement contre
un ajustement récessif de l’économie, réclamé par les marchés financiers
et le fonds monétaire international et pour réclamer une augmentation
de la dépense publique pour des services publics nouveaux, éléments de
droits et d’actions contre la pauvreté.
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