Monsieur le Président,
Les négociations sur le
Grand marché transatlantique peuvent officiellement démarrer depuis que
le Conseil des ministres du Commerce de l’Union européenne a adopté le
14 juin dernier le mandat de négociation confié à la Commission
Vous le savez, nous
contestons le bien fondé de ce projet. Il a pour but est de démanteler
les « barrières douanières et règlementaires » entre l’Union européenne
et les Etats-Unis d’Amérique. Les droits de douane étant plus élevés en
Europe, cela donnerait un avantage de 30% aux produits américains. La
Commission européenne prévoit des suppressions d’emplois dans des
secteurs stratégiques et admet une hausse des gaz à effet de serre.
L’abolition des barrières règlementaires conduirait par exemple l’Europe
à autoriser les poulets lavés au chlore et le bœuf aux hormones, à
abaisser les normes environnementales sur la pollution automobile ou la
construction. Les entreprises auraient le droit d’attaquer devant des
tribunaux privés les Etats coupables d’avoir fixé des normes sociales ou
environnementales qui limitent leur profit.
Nous considérons que ce
projet de libre échange a pour objet de favoriser non les peuples, mais
l’avidité d’un capitalisme financiarisé et mondialisé dont on voit
partout les dégâts. Il menace notre modèle de société et nie la
souveraineté des citoyens en Europe. Pourtant, il n’a jamais fait
l’objet d’un débat public ni même, dans sa globalité, d’un débat au
Parlement.
Nous estimons que les événements récents révélés par Edward Snowden rendent encore plus nécessaire de ne pas s’y engager.
La Commission, qui négocie
en notre nom, le fait en effet sur la base d’un mandat secret, alors
que les dirigeants des Etats-Unis y ont eu, eux, accès à travers un
espionnage récemment révélé ! Comment dans ces conditions entamer des
négociations ? Ces derniers événements, d’une rare gravité, devraient, à
eux seuls, rendre caduque ce projet. Comment en effet mener des
négociations quand la partie avec laquelle on négocie espionne en
permanence ? Les Etats-Unis voient dans le projet de Grand marché
transatlantique le moyen de défendre ses intérêts de grande puissance.
La Commission européenne y voit l’occasion de favoriser le développement
des multinationales et du système financier. Le peuple français comme
ceux des autres pays européens n’ont rien à y gagner.
En conséquence, nous vous demandons solennellement Mr le Président de bloquer immédiatement ces négociations
Dans cet espoir, veuillez croire, Monsieur le Président, à nos plus salutations les plus distinguées.
Front de Gauche (PCF,
Parti de Gauche, Gauche Unitaire, République & Socialisme, C&A,
PCOF, FASE, Gauche Anticapitaliste, Alternatifs)
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