Le président de l’Assemblée nationale a dévoilé ce matin deux plaques commémoratives sur les sièges qu’occupaient ces deux grandes figures de la IIIè République..
L’hémicycle a fait le plein. Ou presque. Ce midi, seule l’extrême-droite a boycotté l’hommage rendu par le président de l’Assemblée nationale aux deux illustres parlementaires de la IIIè République. « Il aura fallu cent ans ! Cent ans pour que la Représentation nationale s’acquitte d’une dette envers l’Histoire, cent ans pour qu’on appose enfin deux plaques dans l’hémicycle, là où siégeaient Jean Jaurès et Georges Clemenceau » a déclaré Richard Ferrand, remerciant André Chassaigne et Jean- Luc Mélenchon pour avoir attiré son attention sur l'absence de plaque au nom de Jean Jaurès. (lire aussi QUAND JEAN JAURÈS RETROUVE SON SIÈGE DE DÉPUTÉ ).
Dans l’hémicycle, les descendants du Tigre et du député de Carmaux, le président du conseil constitutionnel Laurent Fabius, le directeur de l’Humanité Patrick Le Hyaric, ou encore des historiens qui ont travaillé sur les archives avec les services de l’Assemblée nationale, ont pris place aux côté des députés. Richard Ferrand a d’abord rendu hommage aux combats communs « de deux humanistes, profondément républicains » : la défense du capitaine Dreyfus, ou pour la laïcité, au moment où fut votée la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État. « À la Chambre, Jaurès appuya la rédaction raisonnable et négociée du texte fondateur de la laïcité à la française, contre une partie de la gauche qui voulait instituer l’athéisme d’État au mépris de la liberté de conscience ; et au Sénat, Clemenceau oublia ses réserves de vieil anticlérical pour voter le texte conforme, afin qu’il soit définitivement adopté avant les législatives de 1906 » a-t-il détaillé. Puis vint le temps de l’affrontement, entre deux conceptions de la République, deux conceptions de la gauche, « et peut‐être leur dialogue n’est‐il pas terminé aujourd’hui », a glissé le nouveau président de l’Assemblée nationale. « On reconnaît un discours de Jaurès à ce que tous les verbes y sont au futur », persiflait Clemenceau. « Des phrases enveloppées, des solutions incomplètes, une politique hésitante, vous êtes au- dessous du suffrage universel », lui reprochait Jaurès. « Parmi la rumeur et les bruits, dans les séances agitées, sachons percevoir la barbe qui bougonne, la moustache qui frémit : le grondement critique de Jaurès, le commentaire caustique de Clemenceau » a lancé le président de l'Assemblée à ses collègues parlementaires. A la sortie de l’hémicycle, dans la salle des pas-perdus, beaucoup d’entre eux regrettent une « technocratisation » des débats, qui a remplacé les grands discours politiques. « Le débat était violent. Un jour, Jaurès s’est pris un coup de poing à la figure à la tribune. Il n’était pas consensuel», rappelle le député insoumis Alexis Corbière, pour qui « il ne faut pas couper le fil de cette histoire ».
Aux côtés des descendants du fondateur de l’Humanité, le député communiste de Seine-Maritime Hubert Wulfranc fait part de son « émotion » à occuper le siège de Jean Jaurès. Et rappelle qu'il fut aussi celui de Marie-Claude Vaillant-Couturier, figure de la résistance communiste, rescapée des camps de la mort. « Jaurès est l’une de ces grandes figures tutélaires qui continuent de nous guider», explique l’ancien maire de Saint-Étienne du Rouvray. « Notamment sa clairvoyance pour avoir perçu avant tout le monde les dangers du développement du capitalisme qui allait mener les peuples vers une grande déflagration mondiale »…
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