mercredi 28 novembre 2018

Europe : Un séminaire à Lisbonne

La délégation du Parti communiste portugais et le groupe GUE-NGL du Parlement européen organisaient à Lisbonne, le 16 novembre, un séminaire “Droits, souveraineté, coopération, paix. Pour une Europe des travailleurs”, auquel étaient conviés des représentants d’Akel, PCE-Izquierda Unida, du PTB, et en présence de Jeronimo de Sousa, secrétaire général du PCP, qui a conclu les travaux.
Lydia Samarbakhsh est intervenue au nom du PCF. (Extraits)
Les partis politiques que nous représentons ici partagent l’essentiel de l’analyse des causes de la crise aux multiples dimensions que traversent les peuples d’Europe, et partagent aussi la volonté politique d’ouvrir des perspectives concrètes d’alternatives à la construction ultralibérale de l’Union européenne.
Pendant des décennies, toute alternative aura été étouffée. La violence des politiques austéritaires et autoritaires ont produit une forte régression sociale. Maastricht promettait une nouvelle « ère de prospérité ». Ce traité, rejeté par une partie des peuples consultés, a provoqué des dégâts profonds compromettant le développement même de nos pays. Le bilan du Traité de Lisbonne est sans appel : 30 millions de chômeurs, 25 % de la population européenne frappée par la pauvreté alors que l’UE représente un quart du PIB mondial.
L’explosion des inégalités nourrissent les colères qui prennent différentes formes d’expression dont aucune ne mène automatiquement à des processus d’élaboration d’une Europe sociale, solidaire et pacifique.
Nous ne voulons pas laisser réduire l’alternative, dans la confrontation qu’organisent entre eux, dans un contexte de crise de la social-démocratie, les néo- ou ultra-libéraux et les extrêmes droites ; ces dernières étant promptes à dévoyer et instrumentaliser les colères populaires.
Aucune Europe sociale ne saurait émerger des politiques qui ont mis à genoux le peuple grec, poussent à consacrer 2 % des PIB nationaux à la Défense, subjuguent nos pays à l’OTAN, attaquent les systèmes de retraite et services publics, mettent en concurrence les travailleurs et cautionnent un Salvini et sa politique libérale tout en pratiquant le chantage à la dette.
Mais il ne suffit pas de dresser ce constat pour convaincre qu’une alternative de progrès est possible. Des obstacles alimentent déception, renoncement ou sentiments d’impuissance. En France, les luttes et mouvements dans la santé, les transports, dans l’enseignement ou sur le Code du travail... n’ont pas encore réussi à faire « jonction » et ont parfois abouti à des revers en dépit d’un large soutien populaire. En revanche, des victoires ont été arrachées comme le vote des salariés lors du référendum patronal d’Air France au printemps dernier.
Le 17 novembre se déroulera une mobilisation inédite, celle des « gilets jaunes » regroupant diverses catégories sociales, méfiantes à l’égard des forces politiques et dont certaines franges sont infiltrées par l’extrême droite. Nous voulons aller à leur rencontre et porter l’exigence de rupture avec le cadre néolibéral actuel ; mettre en débat les moyens d’amorcer ce processus en se donnant pour objectif de mettre en échec, jusqu’à son abrogation, le Pacte de stabilité budgétaire européen.
Toute avancée significative vers cet objectif est de nature à contribuer à desserrer cet étau car il y a urgence à centrer le projet européen sur des priorités sociales qui permettent d’ouvrir la voie à un véritable co-développement entre peuples européens et impulser un nouveau modèle social européen. De ce point de vue, nous suivons avec grand intérêt les développements de la situation au Portugal, en Espagne, ou en Grèce ; des situations singulières dont nous tirons des enseignements pour des constructions politiques à vocation majoritaire sur la base d’objectifs communs à l’appui de mobilisations populaires.
Le PCF entend contribuer au développement des luttes nationales et européennes mais la bataille pour refonder l’UE passe par la réorientation radicale des politiques conduites en son nom. Les dimensions principales et constitutives d’une véritable rupture en faveur d’une Europe des travailleurs devraient promouvoir le plein emploi, de nouveaux droits pour les travailleurs, le salaire minimum, la protection sociale de haut niveau, la réduction du temps de travail, la sécurisation des parcours professionnels, la prévalence des droits fondamentaux sur les intérêts économiques, la lutte contre le dumping social contribuant à la paix et à la sécurité humaine collective.
Notre conception d’une « union de nations et peuples souverains, libres et associés, coopérants et solidaires », au lieu d’un fédéralisme au service du néolibéralisme et de la finance, appelle à réinvestir plus largement la question de la souveraineté populaire et de la souveraineté nationale dont les dénis et mépris ne sont plus supportables.
C’est ainsi que nous faisons de la réorientation du rôle et du fonctionnement de la BCE en plaçant son pouvoir de création monétaire au service du développement du progrès social et de la transition écologique, et la création d’un développement d’un Fonds européen social et écologique, comme le traduit l’interpellation de Patrick Le Hyaric auprès du président de la Commission européenne comme des étapes allant dans le sens d’une Europe des travailleurs.
A l’appui du rapport parlementaire de notre camarade Éric Bocquet, nous portons la volonté d’une lutte concertée contre l’optimisation, l’évasion et la fraude fiscale et une réévaluation de la fiscalité des multinationales afin que les peuples, les puissances publiques. retrouvent les moyens de leurs choix politiques, sociaux, économiques. Ce sont sur ces orientations et perspectives que nous entendons construire la bataille des européennes avec notre chef de file Ian Brossat.

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