jeudi 22 novembre 2018

Accord au PCF pour que Fabien Roussel succède à Pierre Laurent

À quelques jours du congrès du PCF, sa commission des candidatures a acté ce matin de proposer une liste rassemblant Fabien Roussel, présenté comme secrétaire national, et Pierre Laurent, qui pourrait devenir président de son conseil national.
Pas de bataille rangée en vue pour la tête du parti. À trois jours de l’ouverture du congrès du PCF, la commission des candidatures, réunie ce mardi, a voté à l’unanimité la présentation d’une liste commune emmenée par Fabien Roussel comme secrétaire national, avec une haute responsabilité pour Pierre Laurent, qui pourrait devenir président du conseil national. Sauf surprise, le député du Nord devrait donc succéder dimanche prochain au sénateur de Paris, répondant ainsi à l’attente de renouvellement exprimée par les communistes. Le binôme pourrait aussi rassembler des communistes dont l’unité a été mise à mal depuis quelques semaines.
 
En effet, début octobre, un vote inédit des adhérents de la formation avait placé en tête, avec 42 % des voix, un texte « alternatif » (« Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle ») à celui proposé par la direction sortante (38 %). À l’issue de ce scrutin, pour la première fois également, deux candidats s’étaient déclarés pour le poste de secrétaire national. Une issue a donc été trouvée ce mardi, sur la base de la proposition formulée la veille, dans nos colonnes, par Pierre Laurent. Prenant acte que le « désaccord ne (s’était) pas résorbé », « je fais une nouvelle proposition : que nous partagions la conduite de cette liste, avait-il annoncé. L’un de nous deux sera secrétaire national et l’autre pourra occuper une fonction de premier plan à ses côtés. Personnellement, j’accepterai le choix de la commission et du congrès sur la répartition proposée ».

Le risque de division n’est pas totalement écarté

« Que l’on soit unis avec une seule liste qui nous rassemble était une exigence importante de beaucoup de communistes », a réagi Fabien Roussel. « On n’a pas les moyens d’être divisés. Même si nous ne sommes pas assez visibles et audibles, pas à la hauteur de notre réelle influence, jusqu’à maintenant nous avons su être unis et il est essentiel que nous le restions. C’est notre force, c’est grâce à cela que nous sommes encore présents dans le paysage politique », insiste-t-il. Pierre Laurent s’est lui aussi « félicit(é) que la commission des candidatures ait acté la possibilité que Fabien et moi travaillions en commun à la conduite d’une liste unique pour la direction de notre parti. C’est la décision la plus responsable face au débat qui le traverse et à la situation politique », a jugé le sénateur de Paris.
 
Mais le risque de division n’est pas totalement écarté. Après la proposition de la commission des candidatures, la possibilité demeure ouverte pour les congressistes de déposer une liste « alternative » à l’ouverture du congrès vendredi. Les signataires du texte « Pour un printemps du communisme », qui avait recueilli 12 % des votes en octobre, n’écartent pas pour l’heure cette hypothèse. « On y réfléchit encore. La difficulté, c’est que beaucoup de signataires du Printemps ont l’impression que les dés sont jetés, et que le congrès est réglé avant d’avoir eu lieu », explique l’historien Frédérick Genevée, animateur du texte. « Cette liste unique ne nous convient pas. C’est la double impasse du statu quo et du retour en arrière », estime-t-il.
 
De leur côté, Pierre Laurent comme Fabien Roussel espèrent parvenir au rassemblement. Le premier plaidant pour que « cette liste associe l’ensemble de la diversité (des communistes) quels qu’aient été les votes des uns et des autres ». Le second appelant de ses vœux cette unité « pour travailler dans la fraternité, dans le respect des idées des uns et des autres et surtout dans le respect des choix des militants ». Au cœur des crispations, des désaccords de fond ont aussi été exprimés sur le texte adopté en octobre et discuté ce week-end. Le chantier de l’unité semble avancer sur ce front-là aussi. « Des réécritures sont proposées et réintroduisent nombre de nos innovations récentes sur les mutations du travail, la révolution numérique, l’écologie, le féminisme », s’est félicité Pierre Laurent. Le texte « est vraiment enrichi, avec des idées nouvelles, des paragraphes qui ont été précisés, réécrits. L’effort d’amendements a été fait. On est en train de construire une direction à l’image de ce texte », estime de son côté Fabien Roussel, qui précise toutefois : « Il reste encore du travail. Car le risque c’est de changer la tête sans que rien ne change derrière. »

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