À
quelques jours du congrès du PCF, sa commission des candidatures a acté
ce matin de proposer une liste rassemblant Fabien Roussel, présenté
comme secrétaire national, et Pierre Laurent, qui pourrait devenir
président de son conseil national.
Pas
de bataille rangée en vue pour la tête du parti. À trois jours de
l’ouverture du congrès du PCF, la commission des candidatures, réunie ce
mardi, a voté à l’unanimité la présentation d’une liste commune emmenée
par Fabien Roussel comme secrétaire national, avec une haute
responsabilité pour Pierre Laurent, qui pourrait devenir président du
conseil national. Sauf surprise, le député du Nord devrait donc succéder
dimanche prochain au sénateur de Paris, répondant ainsi à l’attente de
renouvellement exprimée par les communistes. Le binôme pourrait aussi
rassembler des communistes dont l’unité a été mise à mal depuis quelques
semaines.
En effet, début octobre, un vote inédit des adhérents de la
formation avait placé en tête, avec 42 % des voix, un texte « alternatif
» (« Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle ») à celui
proposé par la direction sortante (38 %). À l’issue de ce scrutin, pour
la première fois également, deux candidats s’étaient déclarés pour le
poste de secrétaire national. Une issue a donc été trouvée ce mardi, sur
la base de la proposition formulée la veille, dans nos colonnes, par
Pierre Laurent. Prenant acte que le « désaccord ne (s’était) pas résorbé
», « je fais une nouvelle proposition : que nous partagions la conduite
de cette liste, avait-il annoncé. L’un de nous deux sera secrétaire
national et l’autre pourra occuper une fonction de premier plan à ses
côtés. Personnellement, j’accepterai le choix de la commission et du
congrès sur la répartition proposée ».
Le risque de division n’est pas totalement écarté
« Que l’on soit unis avec une seule liste qui nous rassemble
était une exigence importante de beaucoup de communistes », a réagi
Fabien Roussel. « On n’a pas les moyens d’être divisés. Même si nous ne
sommes pas assez visibles et audibles, pas à la hauteur de notre réelle
influence, jusqu’à maintenant nous avons su être unis et il est
essentiel que nous le restions. C’est notre force, c’est grâce à cela
que nous sommes encore présents dans le paysage politique »,
insiste-t-il. Pierre Laurent s’est lui aussi « félicit(é) que la
commission des candidatures ait acté la possibilité que Fabien et moi
travaillions en commun à la conduite d’une liste unique pour la
direction de notre parti. C’est la décision la plus responsable face au
débat qui le traverse et à la situation politique », a jugé le sénateur
de Paris.
Mais le risque de division n’est pas totalement écarté. Après
la proposition de la commission des candidatures, la possibilité
demeure ouverte pour les congressistes de déposer une liste «
alternative » à l’ouverture du congrès vendredi. Les signataires du
texte « Pour un printemps du communisme », qui avait recueilli 12 % des
votes en octobre, n’écartent pas pour l’heure cette hypothèse. « On y
réfléchit encore. La difficulté, c’est que beaucoup de signataires du
Printemps ont l’impression que les dés sont jetés, et que le congrès est
réglé avant d’avoir eu lieu », explique l’historien Frédérick Genevée,
animateur du texte. « Cette liste unique ne nous convient pas. C’est la
double impasse du statu quo et du retour en arrière », estime-t-il.
De leur côté, Pierre Laurent comme Fabien Roussel espèrent
parvenir au rassemblement. Le premier plaidant pour que « cette liste
associe l’ensemble de la diversité (des communistes) quels qu’aient été
les votes des uns et des autres ». Le second appelant de ses vœux cette
unité « pour travailler dans la fraternité, dans le respect des idées
des uns et des autres et surtout dans le respect des choix des militants
». Au cœur des crispations, des désaccords de fond ont aussi été
exprimés sur le texte adopté en octobre et discuté ce week-end. Le
chantier de l’unité semble avancer sur ce front-là aussi. « Des
réécritures sont proposées et réintroduisent nombre de nos innovations
récentes sur les mutations du travail, la révolution numérique,
l’écologie, le féminisme », s’est félicité Pierre Laurent. Le texte «
est vraiment enrichi, avec des idées nouvelles, des paragraphes qui ont
été précisés, réécrits. L’effort d’amendements a été fait. On est en
train de construire une direction à l’image de ce texte », estime de son
côté Fabien Roussel, qui précise toutefois : « Il reste encore du
travail. Car le risque c’est de changer la tête sans que rien ne change
derrière. »
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