samedi 9 février 2019

AUSTÉRITÉ. LA COUR DES COMPTES S’EN PREND MÊME AUX URGENCES !

Hopitaux, formation professionnelle, EDF sont dans le viseur du rapport publié hier par la haute juridiction financière qui conseille au gouvernement une nouvelle cure d’amaigrissement des dépenses publiques.
Comme chaque année, la Cour des comptes joue sa commedia dell’arte. Dans son rapport publié hier, les petits télégraphistes des doctrines libérales alertent sur un « scénario de finances publiques préoccupant » pour l’année 2019 et au-delà. Mais la solution miracle consiste à couper dans les dépenses publiques : « Notre pays doit amplifier et systématiser la modernisation de ses services publics pour les rendre plus efficaces et plus efficients », a déclaré Didier Migaud, président de la haute juridiction financière. Selon le document, les miettes lâchées par l’exécutif face aux gilets jaunes creusent le déficit et la dette pour 2019. En plein débat sur la fiscalité et les dépenses publiques, les magistrats de la rue Cambon incitent l’exécutif à engager « en profondeur » une cure d’austérité sur les finances de l’État.

Des « fermetures nocturnes » envisagées dans les hopitaux !

Sur les urgences hospitalières, la Cour des comptes va plus loin que le gouvernement. Face à la pénurie des médecins urgentistes, ils proposent de « restructurer des services dont la faible activité, notamment en “nuit profonde” (0 heure-8 heures – NDLR), ne permet plus d’assurer la permanence des soins dans des conditions financièrement supportables ». En clair, des « fermetures nocturnes, aujourd’hui non autorisées par les textes », devraient être envisagées par le gouvernement, les « petits » services d’urgence concernés pouvant par exemple être transformés en centre de soins non programmés.
Dans cette chasse aux coûts budgétaires, les magistrats financiers envisagent la « disparition » de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa). Sauf si celle-ci se soumet à une « restructuration de grande ampleur, à mener sans délai ». Au service public de la formation d’appliquer, « dans sa totalité », le vaste plan social annoncé en octobre 2018.
Malgré tout, « l’avenir de l’Afpa est loin d’être assuré », assurent les magistrats de la rue Cambon, qui incitent à « revoir le modèle économique, pour le rendre compétitif ». Tant pis si les difficultés s’accentuent depuis l’ouverture à la concurrence de la formation professionnelle. Quant aux aides de l’État, elles seraient conditionnées « à des objectifs précis de résultat financier ».

Supprimer « l’avantage énergie » aux salariés d’EDF

Mais ce n’est pas tout. Le rapport soulève un autre point noir : la politique salariale d’EDF. À charge de l’entreprise, au statut de société anonyme, de supprimer « l’avantage énergie », dont bénéficient les employés et retraités pour payer moins cher l’électricité. Ils dénoncent aussi le versement de primes « largement déconnectées des performances de l’entreprise » et les coûts liés au parc de 14 480 logements proposés aux employés. Alors que le gouvernement va mener une réforme des retraites, la Cour des comptes pointe les « coûts » du régime unique des salariés d’EDF. « Le maintien de ces spécificités coûte 800 millions d’euros par an, soit un engagement à long terme de 22,6 milliards d’euros à la charge des entreprises et des consommateurs », selon les calculs du rapport.
Dans leurs réponses respectives, les ministères de la Transition écologique et de l’Économie disent partager les préconisations des magistrats financiers, tout y en apportant un soutien prudent. Ce thème « fait l’objet d’une sensibilité particulière dans un contexte social global tendu », relève le ministère de l’Écologie. Bercy, lui, est favorable à une évolution dans « une perspective à moyen terme, compte tenu de la forte sensibilité sociale attachée à ces sujets ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire