samedi 16 septembre 2017

La Corée du Nord menace la paix et provoque le monde une nouvelle fois


L'Otan dénonce une "menace majeure".  La Chine condamné le dernier tir de missile nord-coréen qui a survolé le Japon et appelle l'ensemble des parties à la retenue. 
La Corée du Nord a répliqué vendredi au dernier train de sanctions de l'ONU en tirant un missile balistique au dessus du Japon, sur une distance semble-t-il inédite, aggravant des tensions qui sont déjà à des sommets. Le missile a été tiré d'un site proche de Pyongyang, moins d'une semaine après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une huitième série de sanctions pour tenter de convaincre le pays reclus de renoncer à ses programmes balistique et nucléaire interdits. La nouvelle résolution sanctionnait le sixième essai nucléaire nord-coréen, de loin le plus puissant et qui concernait selon Pyongyang une bombe H suffisamment petite pour équiper un missile.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a annoncé une réunion d'urgence pour vendredi dans l'après-midi.  Si le président américain Donald Trump ne s'est pas encore exprimé directement, Washington a enjoint la Chine, principal allié et soutien économique de Pyongyang, et la Russie, à faire directement pression "de leur propre chef" sur Pyongyang.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a condamné le tir de missile qui représente une "menace majeure contre la paix" et exige "une réponse mondiale".
D'après le Commandement des opérations militaires américaines dans le Pacifique (Pacom), il s'agissait d'un missile à portée intermédiaire qui n'a pas menacé le continent américain ni le territoire de Guam, dans le Pacifique, où Washington possède des installations militaires stratégiques.
Pékin "s'oppose à la violation, par la Corée du Nord, des résolutions du Conseil de sécurité (de l'ONU) et à son recours à la technologie de missiles balistiques pour des tirs", a déclaré devant la presse la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, tout en estimant que "les parties en présence doivent faire preuve de retenue".
Selon le ministère sud-coréen de la Défense, le missile a probablement parcouru 3.700 kilomètres, atteignant une altitude maximum de 770 km, avant de s'abîmer dans le Pacifique.
C'est le "vol le plus long d'un de leurs missiles balistiques", a commenté sur Twitter Joseph Demsey, de l'Institut international des études stratégiques. Cela "montre clairement que la Corée du Nord dispose de la portée suffisante --mais pas forcément de la précision-- pour mettre en application le projet Guam". Après les tirs par le Nord en juillet de deux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), qui ont semblé mettre à sa portée une bonne partie du continent américain, M. Trump l'avait menacé du "feu et de la colère". A quoi Pyongyang avait répliqué en promettant de tirer une salve de quatre missiles à proximité de Guam.
Pyongyang avait "Guam à l'esprit" vendredi, a jugé le ministre japonais de la Défense Itsunori Onodera, relevant que le missile avait une portée suffisante pour atteindre cette île située à 3.400 km environ de la Corée du Nord. Selon Tokyo, le missile a survolé l'île septentrionale japonaise de Hokkaido avant de s'abîmer à environ 2.000 km à l'est. Rien n'indique dans l'immédiat que des débris soient tombés en territoire japonais.
Le 29 août, le Nord avait déjà tiré un Hwasong-12, un missile de portée intermédiaire, au dessus de l'archipel. Les deux ICBM tirés en juillet avaient eux suivi une trajectoire en cloche à la verticale, ce qui leur avait évité de survoler le Japon.  "Le Nord envoie le message suivant: "nous ne tremblons devant aucune sanction et nos menaces ne sont pas vaines", a déclaré à l'AFP Yang Moo-Jin, de l'Université des études nord-coréennes de Séoul.
Des millions de Japonais ont été brutalement réveillés par les sirènes et des textos d'alerte. "Lancement de missile! Lancement de missile! Un missile semble avoir été tiré depuis la Corée du Nord. Mettez-vous à l'abri dans un bâtiment ou un sous-sol", invitaient les haut-parleurs à Cape Erimo, dans le sud d'Hokkaido.
Les programmes télévisés du matin ont été interrompus. Les services de train entre Hokkaido et l'île principale du Japon, Honshu, ont été temporairement suspendus. Le Japon "ne tolérera jamais les dangereux actes provocateurs de la Corée du Nord, qui menacent la paix dans le monde", a assuré le Premier ministre japonais, Shinzo Abe. "Si la Corée du Nord continue sur cette voie, son avenir ne sera pas radieux".
Séoul a réagi pour sa part avec des exercices de tirs de missiles Hyunmu en mer Orientale, le nom coréen de la mer du Japon, selon le ministère de la Défense. Un engin a parcouru 250 km, soit une distance suffisante pour atteindre en théorie le site de lancement nord-coréen de Sunan, près de l'aéroport de Pyongyang. Mais un autre a tir a échoué peu après le lancement. Le président sud-coréen Moon Jae-In a déclaré au conseil de sécurité nationale que le dialogue avec le Nord était "impossible dans une telle situation", ajoutant que Séoul avait la capacité d'anéantir son voisin.
Le nouveau tir de missile nord-coréen au-dessus du Japon constitue une "provocation de plus" qui "met en cause" la sécurité internationale, a déclaré vendredi la ministre française des Armées Florence Parly. "C'est une provocation de plus, certainement qui fait suite aux sanctions qui ont été votées à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU en début de semaine", a-t-elle déclaré sur la radio Europe 1. "Ce qui sera efficace, c'est que ces sanctions soient d'abord effectivement appliquées et c'est cela l'enjeu de ces prochains jours", a-t-elle ajouté. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir une réunion d'urgence vendredi après-midi après ce nouveau tir. "Ce qui est en cause, c'est la sécurité non seulement de cette région du monde mais aussi la sécurité internationale et l'Europe est concernée puisque les Nord-Coréens nous ont apporté une forme de démonstration que l'Europe est potentiellement à portée de leurs missiles", a souligné la ministre.

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