La CGT de la métallurgie, son institut d'histoire sociale et la CGT Renault ont lancé mercredi un appel contre la réhabilitation de Louis Renault, accusé de collaboration pendant la guerre et dont l'entreprise avait été nationalisée en 1945.
Lancement d'une pétition, création d'un comité central formé notamment d'historiens ou de résistants, distribution de tracts chez Renault: la CGT se mobilise pour que "personne ne réécrive l'histoire".
Sept héritiers du constructeur ont attaqué l'Etat en justice pour contester la légalité de la nationalisation-sanction de l'entreprise au sortir de la guerre et réclament des indemnités. Ils ont déposé en mai une assignation devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris afin de contester l'ordonnance de confiscation du 16 janvier 1945, qui transforme Renault en une Régie nationale, sans que Louis Renault, décédé en octobre 1944, ait été jugé.
L'ordonnance de confiscation "est contraire aux principes fondamentaux du droit de la propriété", droit constitutionnel, selon l'avocat des héritiers, Me Thierry Lévy, qui a déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC).
La CGT, la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance (FNDIR) ainsi que l'association Esprit de résistance ont opté pour l'intervention volontaire pour se faire entendre dans la procédure.
"Dans l'assignation (des héritiers), on efface la guerre, la collaboration. Si on fait abstraction de tout ça, on n'est pas en mesure de comprendre ce qui s'est passé", a déclaré mercredi à la presse Me Jean-Paul Teissonière, avocat de la CGT, précisant qu'une audience aurait lieu le 14 décembre à 11H00.
"On est dans une forme procédurale, un débat juridique mais on ne va pas sur le fond. Or derrière cette argutie juridique, il y a une dimension de l'histoire qu'il faut remettre en lumière", a déclaré Claude Ven, président de l'institut de l'histoire sociale de la métallurgie CGT.
"On a la responsabilité de la mémoire des ouvriers et de l'ensemble de la population française", a-t-il ajouté.
"Les fonds et documents disponibles ne laissent aucun doute sur le caractère volontaire de la collaboration économique et politique de Louis Renault", a renchérit Annie Lacroix-Riz, historienne.
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