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En 2012, une nouvelle génération de votants aura l’occasion de s’exprimer pour la première fois dans l’isoloir. Jeunes actifs, souvent précaires, ils vivent sous la menace des licenciements. Étudiants, leur diplôme ne leur garantit pas de travail. Ils ont souvent déjà donné de la voix dans la rue. Mais donneront-ils leur voix à un candidat lors de l’élection présidentielle ? À Grenoble, la jeunesse tourne autour de l’urne.
Grenoble. Nous sommes dans la cuvette de l’Isère, entourée de montagnes dont les pics et les dépressions rappellent l’intermittence de la participation des jeunes aux élections. La fougue de la jeunesse va-t-elle la conduire à fuguer des bureaux de vote en 2012 ? La question taraude. « Les primo votants entrent dans une conjoncture marquée par une très forte défiance, par l’affaissement des allégeances partisanes, et du devoir civique que représentait le vote, explique Anne Muxel, directrice de recherche au CNRS, spécialiste des rapports entre les jeunes et la politique. En 2007, les jeunes ont voté dans les mêmes proportions que l’ensemble de l’électorat. La question pour 2012 est de savoir si l’on va retrouver cette configuration, ou retomber dans l’apathie civique de 2002, où le taux d’abstention était encore plus marqué chez les jeunes [34 % des 18-24 ans s’étaient abstenus le 21 avril 2002, contre 28,4 % de l’ensemble des électeurs, selon le Cevipof]. » Arrêt sur image, à sept mois de la présidentielle.
Le savoir-vivre, pour les jeunes générations, ne consiste pas simplement à emprunter les sentiers qui conduisent aux urnes lorsqu’on les y invite. L’exaspération de la jeunesse espagnole a trouvé un exutoire dans l’indignation et des formes de participations horizontales. En cas d’offre politique peu convaincante, le désir de changement n’est pas neutralisé, il change de voie. Un tram’ nous transporte d’un bout à l’autre de Grenoble, à la rencontre d’une jeunesse pas si transportée à l’idée de voter. La trame : quel son de cloche la nouvelle cohorte de votants fera-t-elle entendre en 2012 ?
À l’est, un campus à l’américaine fréquenté par 55 000 étudiants. Au sud, le quartier populaire de La Villeneuve, où le chômage des jeunes atteint 40 %. « La jeunesse n’est qu’un mot », a écrit Pierre Bourdieu. Elle offre ici des profils contrastés, à l’image de la société. Bercés au rythme de la crise, les primo votants ont cependant en commun d’entrer en politique dans un contexte social et économique particulièrement tendu. Cela va-t-il avoir des effets politiques sur le vote ?
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