À
quelques jours du débat à l'Assemblée nationale sur le projet de loi de
financement de la sécurité sociale, Agnès Buzyn, ministre des
Solidarités et de la Santé, s’est exprimé, hier, dans les colonnes du
Journal du Dimanche. À en croire des sources élyséennes, Agnès Buzyn
serait « l’atout social » du nouveau pouvoir, « la ministre de
l’humain » pour faire un peu oublier le président des riches.
L’opération
de communication n'est pas vraiment réussie quand, au fil de
l’entretien, on fait l’addition des coups, très durs, portés à notre
système de santé, déjà au plus mal par des politiques ne privilégiant
qu’une approche comptable au nom de l'austérité budgétaire.
Au
sujet du "déficit" de la sécurité sociale, le chiffre de 30% des
dépenses non pertinentes est une agression caractérisée contre le monde
hospitalier dont est issue la ministre. Cette affirmation, sans la
moindre démonstration, vise à culpabiliser les personnels hospitaliers
qui dépenseraient sans compter et les usagers qui consommeraient de
manière déraisonnable. C’est insultant au regard de la réalité des
services hospitaliers.
Aujourd'hui, l'hôpital public ne tient qu'au dévouement des personnels.
L'augmentation
du forfait hospitalier est assumée par Agnès Buzyn sans rien dire des
recettes de la sécurité sociale et notamment des dettes patronales.
La
promesse du 100% pour les lunettes est assortie de la mobilisation des
complémentaires ce qui risque d'en compliquer la réalisation. Silence
radio sur la désertification médicale. Le modèle social français est
aussi attaqué directement par la remise en cause de l'universalité de la
politique familiale. Un rideau de fumée pour essayer de faire oublier
un bouclier fiscal de 5 milliards d’euros pour les plus riches qui ne
toucheraient plus que quelques dizaines d’euros d’allocations
familiales. Enfin, concernant les vaccinations, la ministre n’évoque pas
les laboratoires pharmaceutiques et les profits énormes qu'ils
réalisent.
Si
Agnès Buzyn veut devenir la ministre de gauche du nouveau pouvoir, il
lui faut présenter un tout autre PLFSS, celui qui donnerait les moyens
budgétaires à l'hôpital public, qui ne devrait plus être géré comme une
entreprise, qui aurait l’objectif du système solidaire 100% sécu afin
d’en finir avec la marchandisation de la santé et de l’ensemble de la
protection sociale.
Nos
parlementaires présenterons des propositions précises à madame la
Ministre. À ce stade, elle n’est qu’un atout supplémentaire à la
démolition de notre modèle social, et, en l’occurrence, de ce que notre
pays a su faire de plus beau et de plus universel quand il fallait, en
1945, reconstruire un nouveau monde.
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