Nous
militant-e-s, avocat-e-s journalistes, chercheur-e-s, citoyen-ne-s,
artistes considérons que l’arrestation de Salah Hamouri nous exhorte
tous à agir contre l’arbitraire israélien, et à se mobiliser pour la
libération de notre concitoyen. libertepoursalah.fr
Salah
Hamouri a été arrêté dans la nuit du 23 août 2017, à son domicile de
Jérusalem-Est, par une cohorte de l’armée d’occupation venue le
surprendre dans son sommeil. Il est soupçonné d’appartenir à une «
organisation politique ennemie ». Le 29 août, la Cour statue tout
d’abord sur une libération conditionnelle, mais avant même que Salah
puisse en bénéficier, il se voit remettre un ordre de détention
administrative d’une durée initiale de 6 mois signé par Avigdor
Lieberman, figure de l’extrême-droite israélienne et ministre de la
défense. Depuis des décennies, des milliers de Palestiniens ont été
emprisonnés sous « détention administrative » sans être informés de la
raison de leur emprisonnement, sans inculpation ni procès.
Cette détention administrative peut être renouvelée selon le
bon vouloir des autorités israéliennes, tous les six mois. Ce système
carcéral a été utilisé de manière systématique par de nombreux régimes
oppressifs comme en Afrique du Sud, sous le régime d’Apartheid. Salah
Hamouri a 32 ans, il est Franco-Palestinien, et il est avocat.
Palestinien par son père (titulaire d’une carte de résident de
Jérusalem) et Français par sa mère.
Son parcours, sa vie, sont symboliques du destin de celui de millions de Palestiniens, subissant l’occupation israélienne.
Il a 15 ans lorsque débute la seconde intifada. Comme de nombreux
jeunes Palestiniens, il participe aux actions et aux manifestations
contre l’occupation. Au cours de l’une d’entre elle, il est blessé par
balle. A 16 ans, il est arrêté et mis en prison pour 6 mois. A 19 ans,
il est arrêté une seconde fois et passe 5 mois en détention
administrative.
En mars 2005, il est de nouveau arrêté.
Alors étudiant, il est inculpé pour des motifs qu’il a toujours
nié, sous une double accusation : avoir eu l’intention de tuer Yossef
Ovadia, rabbin et leader du parti politique Shas et soupçonné
d’appartenir au Front populaire de libération de la Palestine. Contraint
à plaider coupable par l’Etat israélien, il sera condamné à 7 ans de
prison et sortira seulement des geôles israéliennes le 18 décembre 2011.
A l’époque, une campagne de solidarité est lancée en France afin
d’exiger des autorités françaises de faire respecter les droits de Salah
Hamouri et de réclamer sa libération. Les timides efforts diplomatiques
ont permis à Salah Hamouri de faire partie des 1027 prisonniers
politiques palestiniens libérés en échange de la libération du soldat
franco-israélien Gilad Shalit.
A sa libération, Salah Hamouri décide de se lancer dans des études
de droit pour devenir avocat. En 2014, il se marie avec Elsa Lefort,
citoyenne française. Ils vivent ensemble à Jérusalem-Est. Quelques mois
après leur mariage, Salah Hamouri reçoit un ordre militaire lui
interdisant de se rendre dans les territoires palestiniens de
Cisjordanie durant 6 mois, à nouveau dans un arbitraire le plus total,
cet ordre militaire sera ensuite renouvelé plusieurs fois, empêchant
Salah Hamouri de se rendre dans son université avec une volonté,
empêcher Salah Hamouri de devenir avocat, et de mettre ses compétences
au service des milliers de prisonniers politiques palestiniens.
Aujourd’hui, comme Salah Hamouri, 6 300 palestiniens sont détenus
dans les prisons militaires israé- liennes, dont 450 dans le cadre d’une
détention dite « administrative ».
C’est auprès de ces prisonniers politiques que Salah Hamouri travaillait en tant qu’avocat. Pendant
la même période, les autorités israéliennes ralentissent les démarches
permettant à Elsa Lefort d’obtenir un visa d’épouse, comme toutes les
femmes mariées à des Palestiniens de Jérusalem. Après plusieurs refus
des autorités, l’employeur d’Elsa Lefort, le Consulat général de France à
Jérusalem, obtient pour elle un visa de service (comme pour tous les
employés du Consulat).
Après un an et demi sans pouvoir quitter le territoire israélien, elle peut enfin se rendre en vacances en France.
A son retour, le 5 janvier 2016, et alors qu’elle est enceinte de 6
mois, elle se voit mettre en détention 3 jours et est expulsée vers la
France, alors qu’elle possédait un visa de service. Depuis, Salah
Hamouri est séparé de sa famille, contrainte de vivre en France.
Cet acharnement de l’Etat israélien contre Salah Hamouri, est
profondément ancré dans le régime colonial mis en place par Israël. En
s’attaquant à un avocat, qui exerçait légitimement sa profession, Israël
fait preuve d’une détermination à entraver les défenseurs du droit, qui
luttent contre l’occupation.
La France est déjà coupable de laisser Israël violer sans cesse les
droits de l’homme et le droit international. Elle ne peut pas tolérer
qu’un de ses citoyens soit arbitrairement emprisonné par Israël. La
France doit agir pour la libération de Salah Hamouri
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