Alors que Mariano Rajoy n'écarte pas une suspension de l'autonomie de la Catalogne, les anti-indépendantistes descendent dans la rue, dimanche à Barcelone, pour réclamer l'unité de l'Espagne.
Le rassemblement de dimanche est soutenu par plusieurs partis
politiques anti-indépendance et plusieurs personnalités, comme
l'écrivain Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature, de nationalité
péruvienne et espagnole, qui a qualifié l'indépendantisme catalan de
"maladie".
Samedi, à l'appel de l'initiative citoyenne "Parlem ?
Hablemos ?" ("On se parle ?", en catalan et en espagnol), des dizaines
de milliers de personnes, vêtues de blanc, s'étaient rassemblées dans
plusieurs villes pour réclamer un "dialogue" entre les Catalans et le
reste du pays afin de sortir de la pire crise politique qu'ait connue le
pays depuis le retour à la démocratie, en 1977, après la dictature
franquiste.
Un dialogue que Mariano Rajoy n'envisage pas tant que les
dirigeants séparatistes de cette puissante région autonome n'auront pas
fait machine arrière dans leur volonté de déclarer l'indépendance.
"Ce que je souhaite, c'est que la menace de déclaration
d'indépendance soit retirée le plus rapidement possible" car "on ne peut
rien construire si la menace contre l'unité nationale ne disparaît
pas", a déclaré le chef du gouvernement conservateur au quotidien El
Pais.
Et il brandit lui la menace d'une suspension de l'autonomie de la
région, une mesure jamais appliquée dans cette monarchie parlementaire
extrêmement décentralisée, qui pourrait aussi provoquer des troubles en
Catalogne : "Je n'écarte rien", dit-il au journal qui l'interroge
sur l'application de l'article 155 de la Constitution permettant cette
suspension.
Il lance au passage un appel aux nationalistes catalans les plus
modérés, pour qu'ils s'éloignent des "radicaux" de la CUP (Candidature
d'unité populaire, extrême gauche) avec lesquels ils se sont alliés pour
disposer d'une majorité au parlement catalan.
L'impasse qui inquiète l'Europe semble toutefois difficile à
surmonter, les dirigeants indépendantistes exigeant eux de discuter du
référendum.
La crise a polarisé les Catalans, la moitié des habitants de cette région n'étant pas pour l'indépendance, selon les sondages.
Après des années de discorde entre Madrid et la région, cette crise
a éclaté il y a tout juste une semaine avec l'organisation par les
dirigeants séparatistes de Catalogne de cette consultation interdite par
la justice et par Madrid. Scrutin qui a été émaillé de violences
policières dont les images ont fait le tour du monde.
Selon l'exécutif catalan, 2,2 millions de personnes ont voté "oui" à
l'indépendance (90,18%), avec une participation de 43%. En vertu de ces
résultats, invérifiables, en l'absence notamment de commission
électorale, ils envisagent de faire sécession.
De timides gestes d'apaisement sont pourtant apparus en fin de semaine, du moins localement quand le préfet, principal représentant de l'Etat en Catalogne,
a présenté des excuses au nom des forces de l'ordre vendredi pour les
violences policières qui ont émaillé le référendum interdit de dimanche,
faisant au moins 92 blessés et scandalisant l'opinion.
Le président régional Carles Puigdemont a lui annoncé qu'il
repoussait son intervention devant le Parlement catalan, prévue lundi. Les
séparatistes envisageaient d'y prononcer une déclaration d'indépendance
unilatérale. Pour la nouvelle séance prévue mardi à 18h00 locales
(16h00 GMT), l'ordre du jour porte simplement sur la "situation
politique", laissant planer le doute.
Mais les parlementaires opposés à l'indépendance ont cependant dit se méfier des véritables intentions de M. Puigdemont. Le
report de l'annonce pourrait servir à "gagner du temps", notait samedi
le quotidien catalan La Vanguardia. Car les dirigeants catalans savent
qu'une "République catalane" serait en effet automatiquement exclue de
l'Union européenne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire