Alors
que le navire de SOS Méditerranée vient de regagner le port de
Marseille, la mobilisation citoyenne s’accentue pour « sauver le
sauvetage en mer ».
L’Aquarius
a accosté jeudi matin dans le port de Marseille, où il devait
définitivement perdre le pavillon que Panama a décidé de lui retirer
sous pression de l’extrême droite au pouvoir à Rome. « Nous appelons les
gouvernements européens à nous permettre de poursuivre notre mission de
sauvetage en attribuant un pavillon à l’Aquarius, déterminé à reprendre
la mer au plus vite », a tweeté SOS Méditerranée, dès l’arrivée de son
navire dans la cité phocéenne. Pour se faire entendre, l’ONG appelle à
des rassemblements ce samedi 6 octobre dans une trentaine de grandes
villes européennes, dont Paris, Bruxelles et Berlin. La pétition
« Sauvons l’Aquarius et le sauvetage en mer » avait recueilli, jeudi
après-midi, plus de 150 000 signatures.
un nouveau navire, baptisé Mediterranea, largue ses amarres
Une exigence de solidarité que l’exécutif français
continue d’ignorer superbement. « Je remarque, quand même, que les
passeurs, avant, devaient faire traverser à leur canot la totalité de la
Méditerranée et que, désormais, à 10 kilomètres des côtes libyennes ou
tunisiennes, ils trouvent des ONG qui ensuite assurent la fin du
voyage », a expliqué, jeudi matin, le porte-parole du gouvernement,
Benjamin Griveaux. L’ancien socialiste converti au macronisme rejoint
ainsi sans rougir la rhétorique du gouvernement xénophobe italien et de
son ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, qui qualifie les bateaux
des ONG de « taxis de la mer ». La France est-elle prête à octroyer un
pavillon à l’Aquarius ? Griveaux semble l’exclure : « La question n’est
pas de savoir si la France doit déléguer sa politique migratoire et la
protection des frontières à une association. Ça, c’est hors de
question. » En revanche, les chefs d’État de l’Union européenne (UE)
n’ont aucun problème à laisser la gestion de ces mêmes frontières à des
milices armées faisant régner l’anarchie et la mort en Libye…
Loin de cette hypocrisie, les militants de SOS
Méditerranée plaident pour que les dirigeants européens assument leurs
responsabilités. Et établissent notamment « un modèle de sauvetage
européen en Méditerranée », comme le stipule le texte de la pétition que
l’ONG a mis en ligne en fin de semaine dernière. Il y a urgence. Les
entraves à l’action des organisations humanitaires participent
inexorablement à l’augmentation du nombre de morts. Mardi matin,
l’Organisation internationale pour les migrations annonçait la noyade de
34 exilés africains dans le naufrage d’une embarcation de fortune. En
Méditerranée centrale, l’absence de bateaux de sauvetage et
l’éloignement simultané des vaisseaux militaires de l’opération
« Sophia » ont fait grimper le funeste comptage à un mort pour cinq
tentatives de traversée. La logique des dirigeants européens a aussi
comme conséquence d’écarter tout témoin du crime de masse qui s’opère
aux larges des rivages de Tripoli.
Les défenseurs d’une Europe hospitalière et fraternelle
n’ont cependant pas dit leur dernier mot. Plusieurs associations
italiennes viennent, par exemple, d’affréter un nouveau navire, baptisé
Mediterranea, pour « surveiller, témoigner et rendre compte de la
situation » sur la route migratoire la plus mortelle au monde. Il a
largué les amarres jeudi avec l’appui de plusieurs parlementaires de la
gauche italienne. Autre exemple de cette résistance citoyenne, les
Espagnols de Maydayterraneo viennent d’annoncer le départ imminent de
leur navire de sauvetage, l’Aita Mari, financé en grande partie par le
gouvernement autonome basque. La « vague orange » qu’espère créer SOS
Méditerranée, ce samedi, est une occasion de plus de faire face aux
artisans de l’Europe forteresse.
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