Chez les proches d’Elon Musk et de Peter Thiel, comme chez les entrepreneurs des cryptomonnaies, des entrepreneurs des nouvelles technologies exultent de voir Donald Trump au pouvoir. Ils voient en lui un grand dérégulateur.
Pour la première fois de son histoire, le Bitcoin a dépassé les 75 000 dollars, après l’annonce de l’élection de Trump. Le petit monde des cryptomonnaies s’était mobilisé en faveur du candidat républicain. Il avait levé des fonds en faveur de sa campagne dans un double but.
D’une part pour s’opposer à l’administration démocrate qui avait commencé à réguler le secteur. D’autre part, pour envoyer à la Maison Blanche Donald Trump qui entend licencier le président du gendarme de la Bourse, très hostile aux cryptos, tout comme desserrer les contraintes environnementales à la production d’énergie carbonée. Car si le Bitcoin était un pays, il serait à la vingt-sixième place des nations les plus consommatrices d’électricité, juste après la Malaisie.
Fin septembre, les dons du monde de la tech à la campagne républicaine avaient atteint 204 millions de dollars, d’après la commission électorale, faisant du secteur le deuxième plus grand donateur, derrière celui… des hydrocarbures.
« Ce milieu des cryptos est très viril, fait preuve de violence langagière, symbolique, mais aussi à l’égard du monde : c’est une technologie écocidaire » décrivait pour l’Humanité le sociologue Olivier Alexandre, qui les qualifie de postconservateurs. Car « les considérer comme réactionnaires ne permet pas de prendre en compte l’importance de la technologie dans leur modèle de pensée. »
Un homme du milieu de la Tech
Le co-lisiter de Donald Trump, JD Vance, un capital-risqueur, est un proche de Peter Thiel. Il fut même l’un de ses employés. Le futur vice-président est donc considéré comme un affidé de la Tech. Thiel (actuel patron de Palantir) est le parrain de la « Paypal Mafia », où l’on trouve aussi Elon Musk ou Keith Rabois (un pionnier des cryptos).
Ils sont les porte-étendards de ces entrepreneurs ou investisseurs dans le numérique qui se sont rassemblés en nombre autour de Donald Trump. En plus d’un sexisme fermement ancré, tous partagent une haine de l’impôt, de l’immigration illégale et la croyance que la technologie réglera tous les problèmes du monde.
Le président fraîchement réélu entend confier à Elon Musk la tête d’une mission d’audit sur les prérogatives de l’État. Ce sujet fait en effet débat. Le patron de Tesla est plutôt favorable à réduire l’interventionnisme public à son strict minimum, en commençant par une baisse drastique des impôts.
Mais les affaires du patron de Space X sont dopées à la commande publique. Son « moins d’État » est donc à géométrie variable. De son côté, le très influent Curtis Yarvin, un informaticien et proche ami de Peter Thiel et de JD Vance, est beaucoup plus autoritaire, défenseur d’une dictature. Tous estiment en tout cas que l’État doit être géré à la manière d’une startup, par un PDG à la main plus ou moins ferme.
Des Extropiens
Ces entrepreneurs de la Tech voient surtout dans Trump un formidable héros de la dérégulation. Écologique tout d’abord, puisqu’ils se disent extropiens. Ce courant de pensé transhumaniste estime que les limites de la planète, mais aussi de l’être humain, seront dépassées grâce aux nouvelles technologies et à la colonisation spatiale. « Un rêve masculiniste, d’aridité, sans oxygène, fait de poussière et de conquête permanente », décrypte le sociologue Olivier Alexandre.
Ces entrepreneurs sont en tout cas convaincus de faire partie d’une élite intellectuelle, d’être parmi les seuls à voir la réalité de la société et du pouvoir, d’où leurs références récurrentes aux films Matrix. Ces croyances rappellent les théories du complot de QAnon, qui dénonçait un « État profond ».
Mais selon les patrons de la Tech, la propagande est si efficace que ceux qui œuvrent pour le pouvoir ne voient même pas qu’ils font partie d’une conspiration. Face aux restrictions lors du Covid, Musk lançait « prenez la pilule rouge », en référence à une scène emblématique de Matrix, quand Yarvin estime plus généralement que son « travail est de réveiller les gens du Truman Show ».
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