mardi 12 novembre 2024

Pont-de-Claix. Vencorex, « faillite organisée », lance Sophie Binet sur le piquet de grève


 

Sophie Binet devant l’entrée de la plateforme, entre Séverine Dejoux, élue CGT au CSE de Vencorex, et Serge Allègre, secrétaire général de la FNIC-CGT.

La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet est venue soutenir les salariés de Vencorex sur leur piquet de grève, ce jeudi 7 novembre, sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix. Elle a fait de l’entreprise, placée en redressement judiciaire, le symbole d’une « faillite organisée », taclant à la fois l’État et le patronat.

La période d’observation prolongée jusqu’au 6 mars 2025

La décision du tribunal de commerce de Lyon, attendue la veille, a finalement été rendue ce vendredi 8 novembre, deux jours après l’audience. Un sursis obtenu par les salariés de Vencorex puisque la période d’observation est prolongée jusqu’au 6 mars 2025 – au lieu du 12 décembre, date prévue initialement.

Cela donne ainsi plus de temps pour examiner l’offre de reprise actuelle du groupe chinois Wanhua, mais aussi et surtout pour permettre à un autre repreneur éventuel de manifester son intérêt. Ce délai vise également, pour les syndicats, à négocier les mesures d’accompagnement et le plan social pour les salariés qui ne seraient pas inclus dans la reprise.

(Mise à jour du 8 novembre 2024 à 15h18)

Elle a salué une « mobilisation exemplaire depuis seize jours de grève reconductible », sous les acclamations des centaines de personnes présentes. Des salariés de Vencorex auxquels Sophie Binet est venue apporter son soutien, ce jeudi 7 novembre. La secrétaire générale de la CGT s’est rendue sur le piquet de grève, à l’entrée nord de la plateforme chimique de Pont-de-Claix, où elle a pris la parole en début d’après-midi.

Le site est bloqué depuis le 23 octobre, conséquence des sombres perspectives s’offrant à l’entreprise, placée en redressement judiciaire en septembre. Vencorex n’a fait en effet l’objet que d’une seule offre de reprise émanant de BorsodChem, filiale du groupe chinois Wanhua, qui prévoit de conserver seulement 25 des 450 salariés. Au total, ce sont plus de 1 000 emplois qui sont menacés sur les deux plateformes de Pont-de-Claix et Jarrie, et même près de 5 000 emplois indirects.

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Sophie Binet a taclé les politiques gouvernementales et patronales.

« Derrière les plans de licenciements, il y a des vies, des territoires qui sont dévastés, des familles qui sont torpillées », s’est ainsi insurgée Sophie Binet, qualifiant la situation « honteuse » de Vencorex de « symbole ». Celui « du scandale des politiques gouvernementales et patronales ». Car « Vencorex, c’est d’abord l’histoire d’une faillite organisée », a-t-elle fustigé.

« La ficelle est grosse »

Sophie Binet aux côtés des salariés de Vencorex en grève, le 7 novembre.

Prenant à témoin les salariés, la secrétaire générale de la CGT a rappelé que « jusqu’en 2022, tout allait bien. L’entreprise était rentable. » Que s’est-il passé alors ? « Une opération de concurrence déloyale organisée par l’État chinois pour déstabiliser notre industrie, avec un dumping sur les prix », a-t-elle dénoncé. Avant d’ironiser : « Grande surprise, qui est le seul repreneur de Vencorex aujourd’hui ? Cette même entreprise chinoise qui a orchestré sa faillite. »

Pour Sophie Binet, « la ficelle est grosse ». Mais la mobilisation des salariés de Vencorex, très vite rejoints par leurs camarades d’Arkema, a totalement rebattu les cartes. En effet, « le plan était bien huilé », a-t-elle souligné. « Ils avaient prévu que tout se passe en quelques semaines, avec un repreneur qui se positionne et qui propose 25 emplois »… Soit l’équivalent de « ce qu’il faut pour gardienner le site ».

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Sophie Binet s’adressant à la presse, entre Séverine Dejoux et Serge Allègre.

Et la responsable syndicale de s’interroger : « Pourquoi garder 25 emplois et pas zéro ? » D’une part « parce que ça évite de payer la dépollution », mais aussi car « ça permet de racheter les brevets, les savoir-faire, et de continuer le pillage ». De fait, pour accéder au marché européen, « un certain nombre de normes et de certifications » sont nécessaires et « les Chinois ont besoin de racheter nos entreprises », a expliqué Sophie Binet.

La leader de la CGT a vivement taclé ces « gouvernements qui font rentrer le loup dans la bergerie ». Vencorex, « c’est l’exemple de l’incurie gouvernementale », a-t-elle poursuivi. « Ici, c’est près de 5 000 emplois qui sont en jeu. Ici, les productions que vous réalisez sont un enjeu stratégique pour tout le pays. » Et ce, pour l’approvisionnement des centrales nucléaires ou le carburant de la fusée Ariane.

Collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes

La plateforme chimique de Pont-de-Claix est bloquée depuis le 23 octobre.

Les salariés sont dans l’attente du jugement imminent du tribunal de commerce de Lyon, au lendemain de l’audience tenue ce mercredi 6 novembre. La juridiction doit se prononcer sur la requête unanime de l’ensemble des parties, qui demandent de prolonger la période d’observation jusqu’en mars 2025. Ce qui donnerait plus de temps à un autre repreneur éventuel pour se manifester.

Une journée de mobilisation nationale le 12 décembre

Naturellement, les regards se tournent vers Arkema. Sophie Binet a, comme une partie des élus locaux présents à la tribune – dont le président de la Métropole et maire de Pont-de-Claix Christophe Ferrari, la députée Élisa Martin ou le maire de Grenoble Éric Piolle -, répété qu’il s’agissait du « repreneur évident ». Pourtant, le géant de l’industrie chimique se fait prier. Et pour la représentante syndicale, hors de question de se contenter d’une reprise partielle des activités.

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Plusieurs centaines de personnes présentes, dont des élus comme Christophe Ferrari et Eric Piolle.

Faute d’offre sérieuse, il existerait toutefois une piste alternative. Sophie Binet a ainsi évoqué la proposition défendue également par les élus communistes, à l’instar, la semaine précédente, de la maire d’Échirolles Amandine Demore ou du conseiller régional Éric Hours. Selon elle, « si l’État n’est pas en capacité de trouver un repreneur, la CGT demandera d’organiser une nationalisation temporaire », sur le même modèle qu’à Saint-Nazaire.

Évoquant le contexte global, la secrétaire générale de la CGT a relié la lutte des salariés de Vencorex à celles de leurs camarades d’Atos, d’Auchan, de Michelin… Pour s’opposer aux plans de licenciements – plus de 180 dans toute la France –, une large mobilisation nationale sera organisée à l’initiative de la CGT le 12 décembre, a annoncé Sophie Binet, qui a appelé à « une grande journée de convergence de toutes les luttes pour l’emploi ».

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Représentaux syndicaux et élus se sont succédé au micro.

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