Comment venir en aide aux insurgés libyens en dépassant la simple indignation morale mais sans pour autant déclencher une énième guerre absurde et mortifère pour tous, à commencer par les peuples arabes eux-mêmes ? Face à ce questionnement cornélien que tout internationaliste et citoyen du monde portait en lui confusément depuis des jours et des jours, sans qu’aucune solution satisfaisante ne puisse être apportée véritablement par les acteurs du drame qui se joue en Libye, le Conseil de sécurité de l’ONU vient donc de répondre à sa manière en adoptant une résolution qui autorise le recours à la force contre l'armée de Mouammar Kadhafi. Des frappes aériennes. Que l’on qualifiera sans doute, dans les heures qui viennent, de « chirurgicales »…
Malgré les propositions de « cessez le feu » déjà lancées par un Kadhafi que l’on imagine aux abois, sommes-nous officiellement en guerre ? Une de plus ? Bien que le « cadre » de l’intervention semble pour l’instant limité et qu’une issue diplomatique de dernière minute ne soit pas totalement exclue, une question nous hante néanmoins : le Conseil de Sécurité prend-il le risque d'un engrenage en s'inscrivant ainsi dans une logique guerrière aux conséquences hasardeuses ? En ce domaine, l’histoire contemporaine nous incite à la plus grande prudence… Tâchons de ne pas avoir la mémoire courte, car aujourd’hui seul le sort des Libyens doit nous importer, tout comme l’avenir d’une région en légitime révolte. Nous connaissons parfaitement bien les dangers potentiels et concrets des guerres, nous connaissons aussi par avance ce que signifierait une mise sous tutelle des révolutions arabes : ce serait un signe catastrophique donné à tous les peuples en voie d’émancipation…
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