Par Elie DAYAN
Association Rouges Vifs IDF
… « Cet état » dans lequel le peuple exerce la souveraineté, directe ou indirecte, par l’intermédiaire de « représentants élus » ; cet état dans lequel le mouvement ouvrier s’estimait le mieux outillé pour y défendre la place du travail ; cet état que détestaient les grandes féodalités économiques et financières, au point de souhaiter et soutenir tout ce qui restreignait ou supprimait le régime républicain, tel le second empire ou le mot d’ordre « plutôt Hitler que le front populaire ! » des années 40.
C’est dans ce même esprit que les forces dominantes ont saisi le coup d’état militaire pour porter au pouvoir en 58 le général De Gaulle, bâtisseur du pouvoir présidentiel ; qui fait du président de la République, maintenant élu directement par les électeurs, la « clé de voûte des institutions ». Ce n’est donc plus le peuple qui exerce la souveraineté mais un homme seul, un retour à la monarchie absolue d’avant 1789.
Ainsi lorsque Nicolas Sarkozy passe outre l’opposition de 55% des électeurs au projet de constitution européenne et qu’il l’importe intact à Lisbonne, c’est une vilainie, une forfaiture, mais il le fait en tant que « clé de voute des institutions » dans le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés. Ainsi lorsque Nicolas Sarkozy passe outre l’opposition des salariés, soutenus par des millions de manifestants et par 71% des français, à son projet de réforme des retraites, il commet une vilainie, une forfaiture, mais il le fait en tant que « clé de voute des institutions » dans le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés.
Il est malhonnête de ramener tout cela à l’homme Sarkozy, à son caractère, à sa mégalomanie, à son appétit démesuré de pouvoir. On doit combattre sans faiblesse cette diversion politique qu’est « l’anti-sarkozysme ». Elle masque l’écrasante responsabilité de ceux qui ont fabriqué, pièce par pièce, ce régime présidentiel autoritaire que seul, en tant que parti, le PCF de cette époque combattit vigoureusement pour deux raisons : son opposition de principe au « sauveur suprême » ou à l’ « homme providentiel » capable de penser et de résoudre tous les problèmes du moment, à la place des « manants » que sont les citoyens.
L’histoire de ces années (1958/2010) a montré que cette forme de pouvoir n’est pas neutre. Elle est l’émanation et l’instrument des grandes féodalités économiques et financières. D’ailleurs celles-ci opéraient sous la présidence de Chirac ou de Mitterrand comme le montre l’INSEE :
Le partage du revenu des ménages indique que celui des ménages salariés est passé de 73.3% en 1980 à 71% en 1990 et 70.3 % en 2008, soit une chute du revenu global des salariés de 3% soit 42 milliards (en euros constants) qu’on retrouve intacte dans la progression du revenu des patrimoines qui va de 5.8% à 8.8 % en 1990 et 8.9 % en 2008 soit également 42 milliards. Ils sont passés du porte monnaie des salariés aux coffres forts.
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