France-Soir : Comment vous êtes-vous retrouvé à la sécurité de Renault ?
Pierre : J’avais débuté chez Renault comme mécanicien. En 2002, on m’a proposé de rejoindre le service Sécurité. C’était très alléchant. Je passais cadre et bénéficiais d’avantages comme la voiture de fonction, le carburant illimité, le téléphone portable. Et puis, on m’annonçait que j’allais avoir des contacts avec la police, la gendarmerie, les RG, la Banque de France, les opérateurs de téléphonie. Ça promettait d’être passionnant. Au bout de deux mois, j’ai compris qu’il s’agissait de faire les poubelles…
F.-S. Qu’avez-vous fait exactement ?
P. Mon chef de service m’a demandé d’enquêter sur la vie privée d’un délégué syndical. Il fallait savoir s’il était homosexuel, d’où venait sa Mercedes, ce qu’il faisait en voyage aux Etats-Unis et de manière générale « éplucher » son train de vie. En pleine nuit, nous avons récupéré les données du disque dur de son ordinateur. A la fin, nous savions tout sur lui. Nous nous étions même procuré les relevés de son téléphone personnel.
F.-S. Pourquoi s’en prendre à ce syndicaliste ?
P. Parce qu’il dérangeait, il avait le verbe haut.
F.-S. Avez-vous espionné d’autres personnes ?
P. Oui. On nous a fait fouiller le bureau du médecin du travail pour étudier les dossiers médicaux des employés. Autre exemple : des gars étaient chargés de fouiller le coffre du gestionnaire des ressources humaines. C’était complètement illégal. Mais comme on avait tous les passes, on ne se privait pas… Je travaillais plus souvent la nuit que le jour.
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