Industrie, écologie et syndicalisme peuvent faire bon ménage. La preuve ? Face aux menaces de fermeture, les projets alternatifs portés par des salariés d’usines se multiplient : métallos lorrains de Florange, ouvriers provençaux de Fralib ou salariés normands de Petroplus… Ces « syndicalistes entrepreneurs » ont été reçus par le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, pour présenter leurs projets. Loin des clichés et des stigmatisations dont les syndicats font l’objet de la part du Président sortant.
« La réindustrialisation, tout le monde en a plein la bouche avec la présidentielle. Mais notre combat ne s’arrêtera pas à l’échéance électorale », lance Jacky Mascelli, délégué CGT à l’aciérie de Gandrange, en Moselle. Face aux fermetures ou aux licenciements qui frappent leur site de production, ils sont de plus en plus nombreux, ces salariés et syndicalistes, à inventer des alternatives. Grande nouveauté : elles ne consistent pas seulement à préserver des emplois, mais répondent à des préoccupations écologiques. Comme Jacky Mascelli, ils sont une quarantaine de syndicalistes à s’être déplacés ce 27 mars à l’Usine, le QG de campagne du Front de gauche en Seine-Saint-Denis : salariés de la raffinerie Petroplus (Seine-Maritime), des hauts-fourneaux de Florange (Moselle), de la papeterie de M-Real (Eure) ou de l’usine de thés Fralib (Bouches-du-Rhône). Trop souvent présentés comme les victimes de la crise, ils sont venus montrer un autre visage.
Vers une écologie ouvrière ?
Tous sont porteurs de projets alternatifs industriels intégrant relocalisation et écologie. Alors que le Président sortant choisit de stigmatiser les syndicalistes des deux principales confédérations (CGT et CFDT), d’autres candidats préfèrent les écouter et dialoguer. « C’est un exercice sans précédent auquel nous nous livrons ce matin en liant la question de l’industrie à l’écologie », se réjouit Jean-Luc Mélenchon. Au menu, l’écologie sociale et ouvrière. Exemple avec les sidérurgistes oubliés de Sarkozy depuis quatre ans à Gandrange, en Lorraine, où ils espèrent encore pouvoir fondre et couler de l’acier.
« Depuis la fermeture de l’aciérie, le laminoir (qui sert à la fabrication de lames de métal) ne fonctionne qu’avec de la matière première en provenance d’Allemagne et de Pologne, explique Jacky Mascelli. Les comptes de résultats sont plombés par des coûts de transport mirobolants. » Entre un bilan carbone catastrophique et le non-sens économique de l’approvisionnement à distance, la CGT de Gandrange propose « de couler l’acier sur place ». Et pour ce faire, d’« être approvisionné par une aciérie électrique moins consommatrice de carbone qu’un haut fourneau ». L’acier serait fabriqué avec des métaux récupérés, comme la ferraille produite dans la région. Problème : ArcelorMittal, malgré son chiffre d’affaires de 71 milliards d’euros en 2011, traîne des pieds pour investir les 120 millions d’euros nécessaires à la construction du four électrique. « Trouver l’argent, c’est rien, et l’acier est stratégique en France. Ce qui est important, c’est de savoir si le projet est viable », estime le candidat du Front de gauche. « On sait faire sans ArcelorMittal, le problème, c’est qu’on n’a pas le portefeuille clients », nuance Jacky Mascelli.
Combattre la financiarisation des entreprises
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