L’ignoraient-ils, ces militants du Front de Gauche, rassemblés dimanche soir place Stalingrad à Paris, se retrouvant dans les QG de campagne en province, les yeux rougis, en larmes pour certains, l’ignoraient-ils que la route est longue ? Le découvrons-nous, que les batailles idéologiques, puis politiques, prennent plus de quelques mois ?
Depuis bien longtemps, j’en suis convaincu : nous avons à refaire, en sens inverse, le chemin parcouru par les néo-libéraux dans l’après-guerre.
Eux étaient marginalisés, alors. Même la droite américaine est convertie au keynésianisme. Une poignée d’intellectuels, autour de Hayek, reprend le flambeau. Leur pensée conquiert des universités, des journaux, s’implante chez les Républicains.
En 1964, pour la première fois, c’est un adepte du libéralisme, Barry Goldwater, qui représente ce parti à la présidentielle aux Etats-Unis. Une formidable campagne est alors menée (j’emprunte ici au Grand Bond en arrière, de Serge Halimi) :
Lire la suiteLes jeunes militants conservateurs ont, pendant des mois entiers, organisé des milliers de réunions publiques, collé des millions d’enveloppes, distribué des tracts aux portes des usines et des bureaux. Ils attendent la victoire le 3 novembre qui vient, ils sentent leur nombre et leur foi, ne croient ni aux sondages ni aux médias. En septembre 1964, l’un des penseurs de la droite américaine, William F. Buckley, s’adresse à eux – et il sait que son propos va les décevoir. Pour énorme qu’elle soit, la mobilisation du peuple de droite au service de Barry Goldwater ne suffira pas. Pas cette fois, pas encore. Le pays n’est pas prêt ; ce serait trop tôt d’ailleurs, la bataille des idées ne fait que commencer. Buckley lui-même n’a que trente-neuf ans. En septembre 1964, il annonce donc ‘la défaite imminente de Barry Goldwater’ à un public d’étudiants républicains persuadés du contraire. C’est le silence, la consternation, quelques sanglots aussi. Puis, avec son style inimitable, très vieille Angleterre, précis et précieux à la fois, Buckley leur explique :
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