Une étude publiée dans "Personality and Social Psychology Bulletin"
révèle des liens étroits entre richesse et narcissisme. Les CSP+ se
regardent davantage dans le miroir et pensent "sincèrement mériter plus
que les autres". Des conclusions étonnantes ? Pas pour les sociologues
Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, dont l’ouvrage "La violence des
riches – Chronique d’une immense casse sociale" paraît le 12 septembre
aux éditions La Découverte.
Si vous êtes né à Neuilly, vous n’y êtes pour rien. Pas plus qu’un
jeune d’une famille pauvre élevé à Saint-Denis ou Aubervilliers. Mais
cet aspect arbitraire des privilèges, la classe supérieure l’a
transformé en dû et en mérite. L’héritage est maquillé en des qualités
personnelles.Se dire "je suis riche parce que je le vaux bien", c’est le résultat d’un travail idéologique et d’une escroquerie linguistique mis au point par les riches. Sur les plateaux des émissions télévisées, ils se présentent tous comme des bienfaiteurs de l’humanité, des créateurs de richesses et d’emplois – alors que c’est l’exact inverse puisque le système capitaliste est fondé sur le vol du travail d’autrui.
Des tailleurs Chanel comme une seconde peau
Physiquement aussi, ils cherchent à renvoyer l’image de conquérants. L’étude menée par le psychologue social Paul K. Piff, de l’université de Berkeley, aux États-Unis, pour illustrer les liens entre richesse souligne que plus l’on est aisé, plus l’on s’observe dans un miroir. Se regarder dans la glace, c’est effectivement se mettre en scène devant soi-même. Et le corps montré est le prix de transformations dès la naissance en corps de classe.
Avec leur posture droite, leur maintien, leur teint hâlé, leur manucure, leur élégance même dans une petite robe, les riches peuvent se regarder dans la glace avec plaisir. Face à eux, les personnes dont les mains sont abîmées par le travail ménager, qui grossissent parce qu’elles mangent mal et n’ont pas le temps de faire de l’exercice physique se disent :
"Je vois bien qu’ils me sont supérieurs."
Ce corps de classe exposé aux regards vient d’une éducation explicite
et formalisée, d’un travail sur le corps précis, auquel aucun détail
n’échappe. Une jeune femme de 20 ans nous expliquait porter les
tailleurs Chanel comme une seconde peau : ainsi vêtue, elle était aussi à
l’aise que dans un survêtement. Elle nous a confié un souvenir
marquant. À quatre ans, sortant de la piscine où elle s’amusait avec ses
cousins, elle a entendu sa grand-mère lui dire :Lire la suite
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