En lançant une réforme sans moyens pour l’appliquer, l’État
offre un boulevard aux acteurs du périscolaire, un secteur déjà en plein
essor.
Bientôt des écoles primaires sponsorisées par le CAC 40 ? Nos enfants
apprendront-ils à lire dans une classe Total et à compter grâce aux
assurances Axa ? Un tel scénario relève de la fiction… pour l’heure en
tout cas. Dès la rentrée 2014, certaines activités périscolaires,
instaurées par la nouvelle semaine de quatre jours et demi, seront
financées par l’entreprise Total. Le 7 juin, le groupe pétrolier a en
effet signé un accord-cadre avec la ministre Valérie Fourneyron, aux
termes duquel il s’engage à financer des projets en faveur de la
jeunesse, à hauteur de 16 millions d’euros. Quatre millions seront
destinés à « des activités éducatives et culturelles en dehors du temps
scolaire, notamment en accompagnant la réforme des rythmes éducatifs
dans le premier degré », détaille le communiqué du ministère. « Il ne
s’agit que d’une renégociation d’un accord signé en 2009 avec Martin
Hirsch », explique Catherine Ferrant, déléguée générale de la fondation
Total. Qui s’est vu demander par le nouveau gouvernement d’orienter une
partie de ces fonds vers le financement de sa réforme.
Ce recours à des fonds privés « trahit un glissement insupportable
dans la manière dont l’État considère le futur de l’organisation
scolaire », a dénoncé, cet été, l’Association des maires ruraux de
France. C’est la conséquence d’une réforme « imposée aux collectivités
locales mais qui n’est pas financée par l’État », ajoute son directeur,
Cédric Szabo. À l’instar de l’État, des collectivités vont-elles, par
manque de ressources, se tourner vers le secteur privé ?
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