Grâce à votre témoignage, le Parti communiste du Chili (PCCh) a déposé une plainte criminelle en 2011 afin d’exhumer les restes de Pablo Neruda, convaincu qu’il a été assassiné. Sur quoi se fonde votre jugement ?
Manuel Araya. Dès 1973, j’ai demandé à Matilde, sa femme, de dénoncer son assassinat. Pablo Neruda se trouvait dans la clinique de Santa Maria, à Santiago, depuis le 19 septembre. Il souffrait du cancer mais, à ce moment-là, il était en bonne santé. Il était en revanche inquiet de ce qui se passait dans le pays et triste après la mort de Salvador Allende. Nous, nous craignions pour sa vie car on le savait en danger. L’ambassadeur du Mexique voulait le faire sortir du pays. Il devait d’ailleurs s’y rendre le 24 septembre 1973. Le 22, Neruda me dit d’aller à Isla Negra pour faire ses valises et lui ramener douze livres. Lorsque nous partons avec Matilde, il va bien. Puis, dans l’après-midi, nous recevons un appel pour nous informer qu’on lui a fait une piqûre. Lorsque nous revenons à la clinique, Neruda est rouge, il me dit que tout son corps le brûle. C’est très étrange, mais on m’envoie acheter un médicament. Pourquoi, alors que nous sommes dans un hôpital? En sortant, deux voitures m’arrêtent et m’emmènent au commissariat. Neruda meurt le 23 septembre.
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