mardi 24 septembre 2013

«Pablo Neruda 
était un symbole à abattre»

Santiago (Chili), envoyée spéciale. Manuel  Araya était chauffeur et garde du corps de Pablo Neruda. Seul, contre tous, il a toujours dénoncé l’assassinat du poète. Grâce à son témoignage, une enquête a été ouverte en 2011.
 Grâce à votre témoignage, 
le Parti communiste du Chili (PCCh) a déposé une plainte criminelle en 2011 afin d’exhumer les restes de Pablo Neruda, convaincu 
qu’il a été assassiné. Sur quoi se fonde votre jugement ?
Manuel Araya. Dès 1973, j’ai demandé à Matilde, sa femme, de dénoncer son assassinat. Pablo Neruda se trouvait dans la clinique de Santa Maria, 
à Santiago, depuis le 19 septembre. 
Il souffrait du cancer mais, 
à ce moment-là, il était en bonne santé. 
Il était en revanche inquiet de ce qui 
se passait dans le pays et triste après 
la mort de Salvador Allende. 
Nous, nous craignions pour sa vie car 
on le savait en danger. L’ambassadeur du Mexique voulait le faire sortir 
du pays. Il devait d’ailleurs s’y rendre 
le 24 septembre 1973. Le 22, Neruda me dit d’aller à Isla Negra pour faire ses valises et lui ramener douze livres. Lorsque nous partons avec Matilde, 
il va bien. Puis, dans l’après-midi, nous recevons un appel pour nous informer qu’on lui a fait une piqûre. Lorsque nous revenons à la clinique, Neruda est rouge, il me dit que tout son corps le brûle. C’est très étrange, mais on m’envoie acheter un médicament. Pourquoi, alors que nous sommes 
dans un hôpital? En sortant, 
deux voitures m’arrêtent et m’emmènent au commissariat. Neruda meurt 
le 23 septembre.
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