Depuis 2012, le sommet européen de décembre est d’une
grande importance pour la « gouvernance économique » de l’Union Européenne. Les
chefs d’États y examinent le rapport sur le mécanisme d’« alerte
macro-économique » de la Commission européenne. Ils choisissent les pays qui
seront mis en examen, c’est-à-dire ceux qui risqueront des sanctions de la
Commission et du Conseil.
Dans son rapport de 2013, la Commission se réjouit que
les « coûts salariaux unitaires (CSU)» (lisez « les salaires » pour faire plus
simple) ont été réduits en Irlande, en Espagne, en Bulgarie, en Lituanie et en
Slovaquie ou gelés en Belgique et en Slovénie[1]. En revanche, les commissaires
déplorent que cette réduction n’ait pas encore eu lieu en Allemagne, en
République tchèque et au Luxembourg. Pour la Commission, le bilan est toutefois
globalement « positif » puisque la plupart des États « ont amélioré leur
compétitivité » et « contrairement à ce que l’on constatait il y a quelques
années encore, aucun État membre (sauf le Luxembourg) n’enregistre
d’augmentation des coûts salariaux unitaires nominaux au-delà du seuil
indicatif ». Si on présentait la situation avec d’autres indicateurs
statistiques (salaires réels et pouvoir d’achat), cette situation qui plaît à
la Commission serait encore plus dramatique pour la majorité des Européens.
La Commission européenne va examiner en profondeur 16
pays, avec une batterie d’indicateurs de performance (le tableau de bord). Ces
indicateurs statistiques pourront lui servir à infliger des amendes aux États
qui ne corrigeraient pas rapidement leurs performances en appliquant ses
suggestions de réformes. Selon la législation pour la gouvernance économique («
six pack ») la Commission peut imposer une amende égale à 0,1% du PIB si elle
juge qu’un gouvernement ne fait pas assez d’efforts pour corriger ses «
déséquilibres macro-économiques ».
Ces indicateurs statistiques nous apprennent une chose
intéressante dont la Commission ne dira et ne fera rien : dans tous les pays
européens les dettes privées excèdent massivement les dettes publiques.
Pourtant ce sont bien les dettes publiques qui ont été et sont encore désignées
comme les principales responsables de la crise depuis 2008.
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