Pourquoi ?
Parce que nous, candidats communistes, du Front de gauche, femmes et
hommes engagés dans les combats progressistes, partenaires politiques de
diverses sensibilités de gauche, avons une conviction :
une République nouvelle doit naître. Une République où les citoyens se sentent à nouveau pleinement respectés, une VIe
république qui renouvelle profondément les institutions et donne un
nouveau souffle à la vie politique. Et cet enjeu majeur, c'est un enjeu
commun aux deux grandes échéances présidentielle et législatives. Car
changer le locataire de l’Élysée ne sera rien si la confiscation
actuelle du pouvoir se poursuit.
Autrement
dit : pas de nouvel avenir possible pour notre pays, et c'est bien cela
que cherche notre peuple, sans ouvrir la voie à un nouveau régime
démocratique.
Il y a urgence car la République est chaque jour trahie dans ses fondements et je connais le poids de mes mots.
La Ve
République agonise dans la crise de régime. Née en 1958, il y aura
bientôt soixante ans, dans tout un autre monde, quand, au plus fort
d'une France enlisée dans la guerre d'Algérie, les forces réactionnaires
l'imposèrent, elle n'a cessé de dériver vers ce qui n'est aujourd'hui
qu'une monarchie présidentielle totalement inadaptée aux exigences
démocratiques du XXIe siècle.
Avec
le quinquennat et l'inversion du calendrier électoral, le
présidentialisme a fini de triompher au détriment de la diffusion des
pouvoirs dans toute la société. Résultat, en 1978, l'abstention aux
élections législatives était à hauteur de 15 %. Elle était à 45 % lors
des dernières élections en 2012 !
Aujourd'hui, le temps est venu d'une nouvelle République du XXIe siècle qui reconstruise le pouvoir des citoyens.
85 %
de nos compatriotes estiment que les responsables politiques ne
tiennent pas compte de leurs avis ? Comment les blâmer quand ils sont
une majorité à refuser le traité constitutionnel européen en 2005, en
constatent aujourd'hui les dégâts, et que ce vote a été traîné dans la
boue par les dirigeants des deux quinquennats écoulés ? Comment les
blâmer quand ils sont une écrasante majorité en 2016, au premier rang
les jeunes, à refuser la loi El Khomri, à l'affirmer dans la rue, et que
leur magnifique mobilisation est bafouée par le 49-3 ?
***
Nous
n'entendons plus, du côté de ceux qui sont au pouvoir, la dénonciation
du « coup d’État permanent », qui constitua longtemps le point de
rassemblement du camp républicain à gauche.
Mais
la gauche républicaine est bien vivante. C'est elle qui a mis en échec
l'an dernier le projet insensé de la déchéance de la nationalité pour
les bi-nationaux.
Nous sommes les continuateurs des Républicains de l'An I qui en 1792, mirent fin à la monarchie et aux privilèges !
Nous
sommes les héritiers des communards de 1871 qui, sous les ruines du
Second Empire autoritaire, voulurent une démocratie pleine et entière !
Nous sommes les enfants des artisans de la loi de 1905 qui fonda la République laïque moderne.
Nous
sommes les héritiers des résistants de la Seconde guerre mondiale qui
bâtirent les fondements d'une démocratie sociale en devenir.
Et
aujourd'hui, nous le disons, de nouvelles fondations sont nécessaires.
Voilà pourquoi nous proposons un nouveau pacte Républicain pour une
France en commun.
Voilà
pourquoi la première décision que prendra la nouvelle majorité de
gauche pour laquelle nous sollicitons le suffrage des électeurs sera
d'impulser dans tout le pays un grand débat citoyen, un processus
constituant, pour aboutir à la rédaction d'un nouveau projet de
Constitution soumis à référendum. Le quinquennat à venir doit être le
celui qui fondera la nouvelle République que nous appelons de nos vœux.
***
Les
grands principes qui guideront cette réinvention démocratique, nous les
porterons dans la campagne présidentielle avec notre candidat Jean-Luc
Mélenchon, et avec tous nos candidats aux élections législatives.
Nous voulons sortir du présidentialisme.
Le
« domaine réservé » du Président doit être supprimé et toutes les
décisions, comme l'action du gouvernement, placées sous le contrôle du
Parlement.
L'élection
du Parlement doit retrouver la primauté et être dissociée de la
présidentielle. La démocratie mérite mieux que de jouer tous les 5 ans
au « Secret story présidentiel ».
Le
49.3 et toutes les dispositions qui réduisent le rôle du Parlement,
laissons-les au musée de l'Ancien régime ! Oui, nous supprimerons le
49-3, les votes bloqués, l'usage à répétition des ordonnances.
Nous voulons faire à nouveau entrer le peuple, tout le peuple au Parlement.
Nous
voulons un Parlement à l'image de notre société, où la voix de chacune,
de chacun compte pour un. Nous mettrons en place la proportionnelle
intégrale à toutes les élections, avec obligation de parité.
Nous
accorderons le droit de vote et d'éligibilité sous condition de
résidence à tout citoyen qui choisit de vivre sur le sol français, et
cela quelle que soit sa nationalité.
Nous
limiterons le cumul et le renouvellement des mandats en accordant un
statut de l'élu qui permette à un salarié, de toutes conditions, un
ouvrier ou une employée comme tous les autres, d'exercer un mandat et de
garantir son retour à l'emploi dans une continuité de revenus et de
droits.
Nous voulons un Parlement où la voix du peuple fasse la loi.
Nous
voulons plus de gouvernement des « experts ». Nous voulons une
République qui développe les capacités et l'expertise populaire.
Ce
jeune qui se demande de quoi sera fait demain, qui navigue de boîte
d'intérim en boîte d'intérim, avec une mission de manutention par-là, un
inventaire en grande surface par-là. Nous voulons qu'il devienne
député.
Cette
jeune infirmière qui ne compte plus ses heures et ses nuits de travail.
Celle-là même qui sauve des vies et qui fait de notre système de santé
un des plus performants au monde. Nous voulons qu'elle devienne députée.
Cette
ouvrière du textile, ce chauffeur Uber, cette cadre dans
l'informatique, ce jeune start-uper : tous ceux qui n'en peuvent plus
d'une politique qui les ignorent, nous voulons construire avec eux une
nouvelle majorité, un nouveau Parlement qui rendra ses droits à notre
peuple souverain.
Nous voulons un Parlement éthique, respectueux de l'intérêt général, indépendant des intérêts privés.
Le contrôle des conflits d'intérêts doit être renforcé.
Et
concernant l'affaire Pénélope Fillon qui défraie la chronique, nous
proposons de clarifier sans délai les règles en usage en donnant force à
ce qui devrait relever du bon sens : interdire l'embauche d'un membre
de sa famille comme assistant parlementaire.
Je
dis cela en responsabilité, sans verser dans le refrain nauséabond du
« tous pourris ». Le Parlement n'est pas peuplé d'emplois fictifs,
arrêtons cette fable, mais de centaines d'assistants parlementaires
qualifiés qui y travaillent avec compétence en étant souvent trop peu
payés.
Et
à qui veut braquer ses projecteurs sur les privilèges, et l'emprise de
l'argent sur le pouvoir, je cite au hasard quelques directions de
travail : l'évasion fiscale, les salaires des grands patrons, les
parachutes dorés, les retraites chapeaux… tous privilèges indécents
qu'il serait plus que temps, eux, de mettre hors la loi au plus vite.
Nous
voulons une République qui redevienne une grande République Sociale,
une République de la démocratie économique, une République qui refonde
les pouvoirs citoyens dans la cité et dans l'entreprise.
En
abrogeant la loi El Khomri du gouvernement Valls-Hollande, la nouvelle
majorité que nous voulons construira une grande loi de démocratisation
sociale, qui mettra en son cœur de nouveaux droits sociaux et de droits
d'intervention dans la gestion des entreprises ! Voilà ce qui manque
tant dans notre République !
Les
pouvoirs doivent changer de mains, et ceux donnés aux citoyens, aux
salariés doivent prendre le pas sur ceux de la finance qui gangrènent
notre démocratie. La voilà, la révolution politique !
C'est
en donnant de nouveaux droits à la société dans son ensemble, aux
salariés, aux syndicats, aux lanceurs d'alerte que nous récupérerons les
80 milliards de l'évasion fiscale, que nous contrôlerons l'utilisation
du CICE, des dividendes et de l'argent des banques.
C'est
en donnant de nouveaux droits aux citoyens que nous développerons
l'initiative législative venue de la société, et non des grands intérêts
financiers.
C'est
en protégeant les Communs numériques par la loi, en établissant un
droit inaliénable des citoyens sur les données, que nous protégerons nos
libertés, et empêcheront la privatisation de nos vies.
Oui, la modernité au XXIe
siècle, ce n'est sûrement pas de donner les pleins pouvoirs
présidentiels au banquier Macron, comme si les banques et la finance
n'avaient pas assez de pouvoirs.
La modernité, c'est celle qui osera une République des pleins pouvoirs citoyens.
Non
décidément, nous n'avons pas besoin de députés fillonistes pour
sacrifier la Sécurité sociale, de députés macronistes pour voter une
nouvelle loi d'ubérisation du travail, de députés lepénistes pour fouler
aux pieds les valeurs de la République.
Nous avons besoin de députés qui auront à cœur l'égalité.
L'égalité,
c'est le socle sur lequel fut bâtie la première République en 1792.
C'est pour que l'égalité soit une réalité pour tous que nous portons le
projet d'une nouvelle République. L'égalité c'est notre boussole, encore
et toujours !
L'égalité
dans les droits politiques, l'égalité dans les droits économiques,
l'égalité dans les droits sociaux, l'égalité entre toutes et tous !
Notre
pacte Républicain c'est l'émancipation conquise pour toutes et tous qui
constituent la Nation. Une République, qui, comme l'affirmait
Robespierre, puisse « rendre les hommes heureux et libres par la loi ».
Quand
de l'autre côté de l'Atlantique, le président Trump assoit dans le
fauteuil du bureau ovale les intérêts du grand capital étasunien,
attaque l'avortement et les droits des femmes, libère la parole raciste
dans un pays où chaque semaine déjà des policiers tuent des hommes parce
qu'ils sont noirs, construit des murs et étale le cynisme des intérêts
égoïstes du plus puissant, je crois que le monde a besoin d'une France qui reprenne la marche en avant de tous les droits humains.
Nous
voulons une République qui inscrive dans sa Constitution la lutte
contre toutes les discriminations, le droit à l'avortement, les droits
LGBT, qui proclame dans son article premier non pas qu'elle « favorise »
l'égal accès des femmes et des hommes à toutes les responsabilités mais
qu'elle le « garantit ».
Nous
voulons une République qui reprenne le chemin de la décentralisation
des pouvoirs, de la décentralisation territoriale, qui replace la
commune au centre de la vie démocratique, qui rétablisse la clause de
compétence générale à tous les niveaux de collectivités locales.
Nous
voulons une République qui dit que, où que l'on soit né, à Grigny ou à
Neuilly, en France ou ailleurs, on a les mêmes droits. Et qu'importe nos
origines, notre religion, notre couleur de peau, nous sommes toutes et
tous indispensables à notre émancipation commune. C'est ça la VIe République que nous voulons construire !
Une République française qui fasse respecter la voix de son peuple souverain en Europe quand
les traités vont à l'encontre de ses intérêts, et qui repasse à
l'offensive en Europe pour construire, non des murs ou des Brexit
ouvrant la voie à de nouveaux paradis du dumping fiscal et social, mais
des sommets sociaux pour faire converger les droits humains et les
protections sociales, des COP fiscales pour éradiquer l'évasion fiscale
des plus riches, des conférences pour la paix et le droit des migrants.
Une République française qui porte à nouveau dans le monde,
dans l'enceinte de l'ONU que Trump veut réduire au silence, la voix de
la paix, du désarmement, de la démocratisation des institutions
internationales, du développement social et écologique partagé contre
les logiques de concurrence capitalistes.
***
Ce sont les axes offensifs de notre pacte Républicain.
Ces
avancées démocratiques, nous en sommes certains, sont attendues par
notre peuple qui ne supporte plus la caricature de démocratie à laquelle
nos institutions et l'emprise des grands intérêts capitalistes nous
condamne.
Nous porterons cette exigence populaire au cœur des campagnes qui s'annoncent.
Nous
sommes des femmes et des hommes du peuple, désintéressés, seulement
soucieux de l'intérêt général, et nous le prouvons chaque jour par nos
actes, conformes à nos paroles, par notre intégrité.
Je
peux le garantir en votre nom à tous : aucun de nos députés ne sera un
député godillot, un député soumis à la finance, aux lobbys, aux
pressions des intérêts privés, aux injonctions présidentielles. Nous
rendrons des comptes au peuple, devant le peuple, et à personne
d'autre.
Nos
groupes parlementaires sont les seuls à compter dans leurs rangs des
mécaniciens, des ouvriers, des employés, des instituteurs, une acheteuse
en informatique, une agent d'assurance, un éducateur spécialisé, une
cardiologue, une agent de maîtrise chez EDF, bref, ils et elles sont des
élus du peuple !
Nos parlementaires ont tenu les engagements pris devant les électeurs en 2012 quand tant d'autres ont failli.
Leur
place au Parlement est indispensable. Leur travail est salutaire. Et
pour la prochaine mandature, plus les parlementaires communistes et
Front de gauche seront nombreux, plus la parole populaire sera forte !
Sans eux, vous serez sans voix dans l'hémicycle où s'écrivent et se
votent les lois !
***
Pour terminer mes propos je citerai le groupe « I am ».
Le premier extrait de leur album Rêvolution est sorti il y a une semaine sur Youtube. Et j'en ai retenu deux vers :
« Si on voulait on pourrait faire pencher le vote. De cette jungle on irait jusqu'à fissurer le socle ».
Oui, fissurons le socle de la Ve République. Dans ces fissures, faisons naître un nouveau pacte Républicain, une nouvelle République Sociale.
Vive la VIe République,
Vive la Sociale,
Vive la France.
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