Au
Havre, sept soignants de l’hôpital psychiatrique Pierre-Janet entament
leur 8e jour d’occupation du toit des urgences pour obtenir l’ouverture
de négociations.
«Nous
descendrons du toit lorsque la directrice de l’agence régionale de
santé se manifestera ! » promet Nathalie Sellier, infirmière aux
urgences psychiatriques de l’hôpital Pierre-Janet au Havre
(Seine-Maritime), l’une des « perchés », comme s’appellent eux-mêmes les
grévistes qui campent sur le toit des urgences depuis le 26 juin.
« Nous devons parfois prendre en charge quarante patients pour lesquels
il n’y a pas de place. Ils dorment à même le sol ou sur des chaises.
Nous “stockons” une partie d’entre eux aux urgences, déjà occupées à 235
%. Et répartissons les autres dans les quatre secteurs du service »,
témoigne-t-elle.
Comme à l’hôpital psychiatrique du Rouvray près de Rouen, à
quelques kilomètres de là, l’impatience et la colère ont gagné face au
mutisme de la directrice de l’ARS-Normandie, Christine Gardel. Celle-là
même que les salariés du Rouvray ont accueillie par un silence de mort,
le 8 juin, lors de son arrivée, ayant été contrainte de négocier sur
place, tandis que plusieurs soignants entamaient leur 18e jour de grève
de la faim. Au Havre, la même exaspération a conduit sept soignants,
infirmières et aides-soignantes – cinq femmes et deux hommes – à
s’installer nuit et jour sur le toit de leur établissement. « Le moral
est fluctuant. En temps normal, nos familles subissent nos rythmes de
travail débridés, mais là, nous sommes absents en permanence, explique
Nathalie Sellier. La solidarité des médecins, des patients et des
familles nous donne toutefois la force de tenir. » Et, ajoute-t-elle
réjouie : « Les plus anciens n’ont jamais vu cela ! »
Depuis le début de la grève au Havre, le 16 juin,
l’intersyndicale (CGT, SUD et CFDT) et les salariés grévistes ne
ménagent pas leurs efforts pour se faire entendre. Après avoir envahi le
conseil municipal de l’ex-ville du premier ministre, Édouard Philippe,
ou encore le conseil régional, ils ont contraint le maire, Luc
Lemonnier, et le président du conseil régional de Normandie, Hervé
Morin, « à visiter le service psy et se rendre compte par eux-mêmes de
la façon dont leurs électeurs sont traités à l’hôpital », raconte
l’infirmière. Leur dernier fait d’armes remonte à jeudi dernier. Ils
étaient plus d’une centaine à s’allonger à l’entrée de la salle où se
réunissait le conseil de surveillance de l’établissement. « Les membres
de la direction ont dû nous enjamber. Cela figure bien la façon dont ils
nous traitent. »
La directrice de l’ARS refuse de négocier au sein de l’hôpital
Hier, les médecins psychiatres ont rencontré l’agence
régionale de santé (ARS). Un rendez-vous peu fructueux puisque Christine
Gardel a refusé de se rendre sur place et rejeté la demande d’organiser
des négociations au sein de l’établissement. Une demande expresse du
personnel mobilisé mais qualifiée de « mimétisme avec l’hôpital du
Rouvray » par la directrice de l’ARS-Normandie. « On est prêt,
disponible cette semaine, mais le rendez-vous sera proposé à Caen ou à
Rouen », indiquait toutefois son service de presse en milieu
d’après-midi, sans plus de précision. L’intersyndicale, de son côté, a
pris acte de ce refus juste avant un rendez-vous avec le directeur
général de l’hôpital. « Nous voulons discuter avec les personnes qui
peuvent débloquer des moyens, c’est-à-dire l’ARS », insiste Nathalie
Sellier. L’intersyndicale a établi une longue liste de revendications,
dont la création d’une unité supplémentaire pour les patients en
surnombre, un pôle de remplacement de nuit et le maintien des centres
médico-psychologiques (CMP) en voie de fermeture.
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