Intervention de Jean-Pierre Dubois, président de la LDH
Il y a un peu plus d’un an, un homme est venu ici. Il avait déjà amené, trois ans plus tôt, sur ce plateau des Glières, bien des micros et des caméras, pour transformer les morts en bulletins de vote. Mais l’année dernière il a fait pire encore : c’est à l’endroit précis où la barbarie nazie a massacré ceux des Glières qu’il a osé répéter, comme en 2009 à la Chapelle-en-Vercors, ce discours insupportable sur l’« identité nationale », aux relents vichyssois. C’est ici même qu’on l’a entendu prononcer des phrases telles que celle-ci : « un Français reconnaît d’instinct une pensée française »…
Et trois mois plus tard, à Grenoble, un autre discours ouvrit les yeux et les oreilles des plus inattentifs : haro sur les Roms accusés de délits qu’ils n’avaient pas commis, haro sur les Gens du voyage, sur les Français naturalisés, et bien entendu sur les immigrés et leurs descendants. Oui, c’est le président de la République française qui a, en juillet 2010, accrédité le vieux mensonge lepéniste « immigration = insécurité ».
Alors, puisque nous, nous revenons aux Glières non pour récupérer, pour déformer, pour trahir la mémoire de la Résistance, mais pour la faire vivre, souvenons-nous.
Rappelons-nous que sans le fichier anthropométrique des tsiganes et des Gens du voyage institué par une loi de 1912, il aurait été infiniment plus difficile de les rafler dans les années 1940 et de les expédier dans les camps de la mort. Car c’est en amont que se prépare ce qui rend possible, ensuite, l’innommable.
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