Pour
Serge Regourd, ici le 13 octobre 2015, la seule ligne à adopter est
celle d’un rassemblement de tous ceux qui se trouvent à la gauche de la
gauche gouvernementale.
Photo : Christian Bellavia / Divergence
Samedi,
le collectif de l’Appel des 100 se réunit pour une convention
nationale. Le but : construire une alternative à la gauche de la
majorité gouvernementale. Entretien avec un de ses membres, Serge
Regourd.
Serge
Regourd, universitaire et élu conseiller régional (liste Nouveau Monde
en commun) de Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, est membre de l’Appel
des 100, collectif de personnalités d’horizons divers lancé en mai
dernier pour appeler à l’union de la gauche opposée aux politiques
gouvernementales. Samedi, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), elles se
réunissent pour « s’accorder sur une plateforme de mesures d’urgence
pour la prochaine mandature » autour de cinq « priorités » et cinquante
propositions, collectées lors de réunions politiques à travers la
France.
En quoi, cet Appel des 100 peut jouer un rôle dans le contexte politique actuel?
Serge Regourd Les prochaines échéances
électorales se présentent mal pour la « vraie gauche ». La politique
menée par Hollande et le gouvernement Valls est complètement délégitimée
pour parler au nom de la gauche. Le premier ministre a déclaré qu’il
existait deux gauches irréconciliables. À partir de là, nous pouvons en
déduire qu’il existe bien une gauche qui a cessé, depuis un certain
temps, d’être à gauche. Le résultat de leur renonciation pourrait
aboutir à une bérézina, soit un second tour entre la droite et l’extrême
droite. Dans ce contexte, je suis convaincu que la seule ligne à
adopter est celle d’un rassemblement de tous ceux qui se trouvent à la
gauche de la gauche gouvernementale. J’ai un exemple concret de
rassemblement victorieux dans ma région. Quand, en revanche, les forces
partent à la bataille dispersées, elles sont éliminées dès le premier
tour.
Dans ce collectif, se retrouvent des
personnalités politiques de toute la gauche alternative, mais aussi des
universitaires, intellectuels et syndicalistes.
Serge Regourd Dans cet appel, se côtoient
les composantes du Front de gauche, Europe Écologie-les Verts, les
frondeurs socialistes et les mouvements associatifs, qui se retrouvent
sur un certain nombre de valeurs. Comment passe-t-on de cette réalité
sociale et sociologique d’analyses partagées à une traduction
politique ? Il y a toute une diversité des courants politiques qui s’est
retrouvée ensemble dans la rue contre la loi El Khomri. L’idée est de
les respecter et de les unir. Sans leur imposer une marque de fabrique.
Avec ce rassemblement, il reste une chance de continuer d’exister et
surtout de peser.
Quel est le but final de cet appel ?
Serge Regourd Nous nous heurtons à une
réalité de dispersion des candidatures. Jean-Luc Mélenchon a fait savoir
que sa logique était unilatérale, les écologistes ont eu leur propre
primaire, des frondeurs PS vont participer à la primaire socialiste et
les communistes envisagent de présenter leur propre candidat. Je
continue à croire à la vertu pédagogique et politique de l’Appel des
100. Il peut peser sur l’œuvre programmatique. C’est sur une autre
échéance électorale, en l’occurrence les législatives, qu’il pourrait
exister une traduction politique avec l’adoption de ce projet, partagé
par une diversité des forces politiques. Quand Jean-Luc Mélenchon
prévoit déjà de proposer un candidat de La France insoumise par
circonscription, l’Appel des 100 reste ouvert à la pluralité et à toutes
les potentialités de ce qui compose la vraie gauche.
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