samedi 19 novembre 2016

Primaire à droite. Sept mercenaires se défient pour mieux servir les nantis

Six hommes et une femme, jouant tous à  « plus à droite que moi tu meurs », sont à nouveaux réunis ce soir pour décliner ce qui leur sert de projet dans le cadre de l’élection primaire dont le premier tour à lieu dimanche prochain. Ce soir, France 2 les reçoit tous ensemble après leur avoir donné la parole à tour de rôle, quatre d’entre eux ayant même bénéficié de deux heures pleines d’échanges dans le cadre de « L’émission politique » du jeudi soir.
Ils sont sept mais leurs projets n’en font qu’un à quelques nuances près. En gros c’est austérité pour ceux qui vient de leur travail, encore plus de cadeaux pour les riches. Ainsi n’ont-ils pas avancé une idée, une seule, pour  freiner le réchauffement climatique alors que se termine la Cop 22 à Marrakech. Il est vrai que la question ne leur fut guère posée par les journalistes chargés de les questionner. En revanche, les sondages ont été nombreux pour tenter de savoir quels seraient les deux qualifiés du second tour. Les derniers chiffres en  provenance de l’Institut Elabe donnaient 34% des voix à Juppé, 30% à Sarkozy, 21% à Fillon et seulement 7% à Le Maire qui comptait exclusivement sur l’atout jeune pour faire la différence, avec ou sans cravate.
Sur ces sept candidats, six demandent la suppression de l’impôt sur la fortune. Ils le font à un moment où les salaires annuels des dirigeants d’entreprises explosent, accompagnés de bonus quand ils suppriment beaucoup d’emplois et délocalisent des productions afin d’accroître les profits. Voilà comment on « gagne » souvent plus de 10 millions d’euros par an. Afin que ces riches toujours plus riches puissent transmettre la totalité de leurs biens à leurs descendants en payant un minimum d’impôts, les sept candidats de la droite sont unanimes pour demander la baisse des droits de succession. Dans le même ordre d’idées, ils veulent tous que les gens de maison coûtent moins cher à leurs employeurs  en supprimant « les charges patronales pour les emplois à domicile » dit Le Maire ; en baissant « d’un milliard d’euros les cotisations patronales sur l’emploi à domicile dit Copé ; en supprimant  « toutes les charges sur les emplois à domicile  au niveau du SMIC «  dit Sarkozy; en allégeant « les cotisations  des particuliers employeurs pour un coût de 600 millions d’euros », dit Juppé. Hormis Jean-Frédéric Poisson, le moins connus d’entre tous, les autres veulent en finir avec les 35 heures de travail hebdomadaires. Mais ils sont sept sur sept à s’engager à « baisser les charges des entreprises » et « baisser les impôts sur les sociétés ». Ils sont aussi six sur sept à vouloir repousser l’âge de la retraite à 65 ans, Sarkozy réussissant à être le moins pire avec une étape à 63 ans en 2020 et une autre à 64 ans en 2025.

Prendre aux pauvres pour donner aux riches

Ils sont encore sept sur sept à vouloir « réduire le nombre de fonctionnaire » ; six sur sept à dire qu’il réduiront « la dépense  publique » ; six sur sept à vouloir « aligner le statut des fonctionnaires sur le régime général » ; sept sur sept à vouloir « augmenter le temps de travail dans la fonction publique » selon de recensement scrupuleux effectué par Le Figaro Magazine de la semaine dernière, sans doute soucieux de venir en aide à ses lecteurs au moment de voter dans le cadre ce cette primaire. Enfin, comme il faut que le plus grand nombre paie les cadeaux concédés aux plus riches, Juppé promet d’augmenter la TVA d’un point, Fillon et Copé veulent trois points d’un coup.
Cela s’appelle prendre aux pauvres pour donner aux riches. C’est aussi le plus sûr moyen de déboucher sur une récession économique comme celle qui touché la Grèce et d’autres pays de l’Union européenne ces dernières années. A ce propos, les résultats d’une étude de l’Office européen des statistiques publiée hier nous indique que 25 millions d’enfants, soit 26,9% âgés de 0 à 7ans, étaient menacés de pauvreté en 2015 dans les pays membres de l’Union européenne. Selon Eurostat, « cela signifie qu’ils vivaient dans des ménages affectés par au moins trois des conditions suivantes: en risque de pauvreté après les transferts sociaux, en situation de privation matérielle sévère ou vivant dans des ménages à très faible intensité de travail ». Les pays les plus impactés étaient la Roumanie, la Bulgarie, la Grèce, la Hongrie, l’Espagne et l’Italie qui sont aussi parmi les plus engagés dans la voie du dumping social. Ceux qui s’en sortent le moins mal sont la Suède, la Finlande, le Danemark, la Slovénie, les Pays Bas, la République Tchèque et l’Allemagne. La France, sans doute enfouie au milieu du peloton, n’était pas indiquée dans ce classement par la dépêche d’agence qui a transmis l’information. Mais avec ce que nous propose la droite on mesure ce qui  lui est réservé.
Hier aussi, il convenait de lire l’entretien accordé par le directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT)  au quotidien Le Monde daté du même jour. Selon le britannique Guy Ryder, nouvellement réélu à la direction de l’OIT, « l’instauration de politiques d’austérité sévères, après la catastrophe de 2008, a généré de graves problèmes sociaux, eux-mêmes se traduisant par des évènements politiques comme le Brexit ou l’élection de Donald Trump aux Etats Unis (…) Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre les dangers de l’inégalité, mais les actes ne suivent pas. Ce qui se passe est très inquiétant et l’évolution du monde du travail y est pour quelque chose. Une personne sans emploi fixe, sans contrat de travail, ou qui n’a pas connu dévolution salariale, est une cible de choix pour les discours démagogiques. La meilleure manière de faire face aux dérives éventuellement autoritaires, antidémocratiques, est de prendre au sérieux la question sociale, de développer des politiques inclusives. Il faut occuper ce terrain plutôt que de le laisser à ceux qui proposent de fausses solutions» , affirme Guy Ryder dont l’analyse rejoint celle de Bernard Thibault, membre du conseil d’administration de l’OIT dans son livre intitulé La troisième guerre mondiale est sociale (1) .

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