L’Assemblée nationale a adopté, mardi, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018. La gauche de l’Hémicycle a voté contre, dénonçant une attaque sans précédent contre le système de protection sociale.
«Derrière ces choix , il y aura des drames. » Mardi, le député PCF Pierre Dharréville a sévèrement tancé le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2018, adopté dans la foulée par 354 voix contre 192. Plus tôt, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et celui des Comptes publics, Gérald Darmanin, avaient vanté un budget « ambitieux, responsable et solidaire ». Même son de cloche pour les députés LREM : « Ce budget concilie exigence économique et progrès social », a estimé Brigitte Bourguignon . Pourtant, « ce sont 4,2 milliards de restrictions que vous demandez, dont 1,2 milliard à un hôpital public exsangue », a répondu Pierre Dharréville. « Alors même que patients, soignants et gestionnaires nous alertent sur l’ état critique des services, votre budget organise une catastrophe industrielle qui aboutira à une Sécurité sociale suffisamment indigente pour que ceux qui en ont les moyens s’en détournent et que ceux qui n’ont pas le choix la subissent », a ajouté Adrien Quatennens pour la FI.
« La Sécu résulte du long combat du mouvement ouvrier »
Au-delà des coupes budgétaires sur l’ assurance-maladie , alors que l’espérance de vie en bonne santé diminue et qu’un Français sur deux renonce à se soigner faute de moyens, le bouleversement du mode de financement de la Sécu a aussi été voté. « Nous menons une action déterminée pour le pouvoir d’achat. Les salariés et les indépendants d’abord verront leurs cotisations sociales baisser de façon durable et leur salaire net augmenter dès janvier 2018 », a argumenté Thomas Mesnier, député LREM, pour faire passer la pilule de la suppression des cotisations maladie et chômage , contre une hausse de 1,7 point de la CSG. « La Sécu résulte du long combat du mouvement ouvrier pour se protéger mutuellement des risques de la vie et du travail . Chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins », a rappelé Adrien Quatennens, pour qui le gouvernement rompt avec ce principe au profit d’une CSG « non progressive et injuste ». Au final , la Sécu ne s’appartient plus à elle-même. Son statut de bien collectif s’en voit menacé . Mais ce n’est pas tout, puisque, loin de provoquer une « hausse du pouvoir d’achat », la majorité retire beaucoup de salaire brut pour donner peu de net, alors même que le brut appartient dès le départ au salarié. « Dans le brut, il y a le salaire pour le mois, c’est le net, et le reste, c’est le salaire pour la vie », a insisté Pierre Dharréville pendant les débats, avant de qualifier, mardi, l’action du gouvernement de « politique de l’illusion ». Une technique souvent utilisée dans ce budget : si le minimum vieillesse monte de 100 euros à horizon 2020, la hausse des pensions de retraite est repoussée. Si le complément de garde pour les familles monoparentales augmente, la prestation d’accueil du jeune enfant , elle, diminue pour tous, sans parler de la rupture d’universalité des allocations familiales.
Au-delà de la suppression du RSI, de la taxe sur les sodas et du paquet de cigarettes à 10 euros en 2020 comme parades à l’obésité et au tabagisme, de la suppression du tiers payant généralisé, de la hausse du forfait hospitalier et du passage de 3 à 11 vaccins obligatoires pour les enfants, la pérennisation et l’ augmentation à 24 milliards d’euros par an du Cice ont été au cœur des échanges. Thomas Mesnier y voit un « tremplin pour l’ emploi ». « C’est une gabegie qui aura coûté 67 milliards pour ne sauvegarder qu’à peine entre 10 000 et 200 000 emplois ! »
a asséné Adrien Quatennens. Enfin, Pierre Dharréville a dénoncé le
« trouble obsessionnel compulsif » de la majorité, qui ne peut s’ empêcher « de faire des ristournes aux plus fortunés ». Pour preuve, un dégrèvement de 10 points sur les actions gratuites
voté en plein budget de la Sécu… À quoi s’ajoutent « 45 milliards
d’euros d’exonérations diverses de cotisations sociales patronales » et
un renoncement « à aller chercher les 20 milliards de fraudes qui s’y rapportent », signale l’élu PCF, qui a lancé aux députés LREM : « Les recettes sont à portée de main mais vous préférez compresser les dépenses de santé ! » Au final, la Sécu a sans suspense pris
un coup sévère. Mais, en politique, le combat n’est jamais terminé.
C’est pourquoi Pierre Dharréville enverra à Agnès Buzyn un livre sur la Sécu et Ambroize Croizat, afin que cette « part d’histoire puisse entrer aux archives du ministère pour les humains du jour d’après ».
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