jeudi 3 mai 2018

Emmanuel Macron fait encore une fleur aux grandes fortunes

Le chef de l’Etat annonce dans un magazine américain vouloir supprimer une taxe instaurée pour limiter la domiciliation à l’étranger des grandes fortunes, taxe instaurée par Sarkozy et ayant rapporté 800 million d’euros en 2016.
Est-ce parce qu’il s’y exprime en anglais qu’Emmanuel Macron s’est fait « cash » ? En accordant un entretien au magazine des affaires Forbes, le président de la République y a fait l’annonce de la prochaine suppression d’une taxe qui concerne les grandes fortunes, " l'exit tax". Cette imposition, qui s'applique depuis que Nicolas Sarkozy l’a instaurée en mars 2011, vise à dissuader le transfert de domicile fiscal à l'étranger en imposant les plus-values sur des participations détenues par un contribuable quittant la France. Taxe qui disparaît même, si un chef d’entreprise qui devient résident en Belgique pour échapper à l’impôt en France, attend huit ans avant de revendre son entreprise.

Macron s’inscrit désormais dans la course au toujours moins d’impôt

Pour Emmanuel Macron, cet impôt sur les plus-values envoie un "message négatif aux entrepreneurs, plus qu'aux investisseurs", car il signifie qu'"au-delà d'un certain seuil, vous êtes pénalisé si vous quittez la France". Face au capitalisme sans patrie, il est délicat pour Macron d’argumenter, lui qui dans un discours européen à la Sorbonne en septembre 2017, préconisait la création d’un fond commun de l’eurozone financé par des taxes sur les entreprises et évoquait même un impôt sur les transactions financières, défendait une régulation « avec un procureur commercial européen chargé de vérifier le respect des règles par nos concurrents et de sanctionner sans délai toute pratique déloyale ». Fini, l’idée « d’encourager la convergence au sein de toute l’Union en fixant des critères qui rapprochent progressivement nos modèles sociaux et fiscaux ». Emmanuel Macron s’inscrit désormais dans la course au toujours moins d’impôt, considérant que « c'est une grave erreur pour nos start-up parce que nombre d'entre elles, quand elles considéraient la France moins attractive, décidaient de lancer leurs projets en partant de zéro à l'étranger dans le but d'éviter cet impôt", a ajouté le chef de l'Etat, précisant que cette suppression interviendrait "l'année prochaine". "Le message que je veux envoyer aux investisseurs étrangers est que nous baissons l'impôt sur les sociétés, nous simplifions tout, apportons plus de flexibilité sur le marché du travail, accélérons la transformation de l'économie française", a-t-il ajouté, au cours des 20 minutes d’entretien accordé. « Je n’abandonnerai ni ne diminuerai mon ambition envers les réformes, parce qu’il n’y a pas d’autre choix », lance Macron, dans la lignée du « il n’y a pas d’alternative » lancé en son temps par Margaret Thatcher.

« Le président des très riches »

L’exit tax supprimée en 2019 ne serait « pas particulièrement bénéfique pour les finances publiques », selon Macron. Avec un rendement de 803 millions d’euros en 2016, selon les chiffres du Conseil des prélèvements obligatoires qui évoque à son propos « un régime attractif », même si moins intéressant que la Grande-Bretagne pour les hauts patrimoines, on n’est pas loin du milliard d’euros pourtant.
Macron reprend à son compte l’idée d’un « fardeau » des impôts pesant sur les entreprises, et fait du " coût de la défaillance » des entreprises " l'un des principaux problèmes du pays ». "Dorénavant, il est plus facile d'échouer et ça ne coûte rien, ce qui est le meilleur moyen d'encourager les entrepreneurs à se lancer et réussir". Oubliant que le coût de l’échec lui, est mutualisé avec l’argent des cotisations sociales des salariés. En tournée de promotion pour son livre, François Hollande, à qui l’on demandait si l’expression « président des riches » convenait pour Macron, a répondu « non, ce n’est pas vrai. Il est le président des très riches ». Dont acte.

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