Des
élus macronistes parisiens défendent ce vendredi un vœu visant à se
séparer, chaque année, de 1 % du parc social. Une initiative dénoncée
par la majorité municipale.
Haro
sur les HLM parisiens ! Plusieurs élus macronistes parisiens, ex-LR et
ex-PS, vont défendre ce vendredi, devant le Conseil de Paris, un vœu
inquiétant. Leur idée ? Adopter un « plan quinquennal » visant à
faciliter la vente, chaque année, de 1 % du parc social de la capitale,
soit environ 2 000 logements. Une proposition qui préfigure l’une des
grandes dispositions du projet de loi Elan (évolution du logement et
aménagement numérique). Attendu à l’Assemblée début juin, ce texte
propose de faciliter la vente de logements HLM pour pouvoir financer de
nouvelles constructions et compenser ainsi le retrait budgétaire de
l’État. Le projet est aussi destiné, officiellement, aux classes
moyennes, de plus en plus exclues de l’accession à la propriété dans la
capitale, où les prix à l’achat ont dépassé 9 000 euros le m2.
« Le problème, c’est que, compte tenu des difficultés à
produire dans Paris, où le foncier est rare et cher, le discours qui
consiste à dire qu’on vend un logement social pour générer des fonds et
en construire trois ne fonctionne pas », commente Jean-Claude Driant,
professeur à l’École d’urbanisme de Paris. Du coup, face à
l’impossibilité de construire intra muros, la proposition des élus
macronistes reviendra à diminuer le nombre de HLM dans la capitale pour
en bâtir en proche banlieue. En clair, à délocaliser les pauvres au-delà
du périphérique. D’autant que rien ne garantit que les locataires
actuels, dont beaucoup n’ont pas les moyens d’acheter, bénéficieront de
ces ventes. « Soit on vend avec une décote, mais cela pose un problème
d’utilisation des deniers publics et il y a un risque que les acheteurs
aient du mal à entretenir le bâti et basculent dans une copropriété
dégradée, explique Ian Brossat, adjoint (PCF) en charge du logement.
Soit on vend au prix du marché et il y a un risque que ces logements
fassent l’objet de spéculation en étant remis sur le marché au prix
fort. »
Vers une concentration des HLM dans le nord et l’est de la capitale
La proposition macroniste va à l’encontre de la politique
de la Mairie de Paris. Avec 90 886 HLM financés entre 2001 et 2016, les
logements sociaux logent désormais 470 000 personnes et représentent 20 %
des habitations de la capitale contre 13 % en 2001, selon l’Atelier
parisien d’urbanisme (Apur). Le but est d’atteindre, d’ici à 2025, 25 %
pour répondre aux 200 000 demandes en attente. L’objectif de mixité
sociale promu par l’exécutif parisien est aussi mis à bas par ce vœu. En
excluant les quartiers prioritaires de leurs programmes de vente, les
élus de la majorité présidentielle menacent, de fait, les HLM implantés
de haute lutte dans les beaux quartiers, et renforcent la concentration
de l’habitat populaire dans le nord et l’est de la capitale.
« Dans une ville comme Paris où, comme dans toutes les
capitales, les deux tiers des habitants sont des locataires, les classes
moyennes pâtissent d’abord du niveau trop élevé des loyers dans le parc
privé, analyse Ian Brossat. Le meilleur service qu’on pourrait leur
rendre serait de prendre des mesures comme l’encadrement des loyers pour
mettre un terme à cette hausse. » Face à l’explosion des prix dans le
locatif privé – en moyenne 29 euros le m2 et au-dessus de 40 euros pour
les petites surfaces – et des conditions imposées (disposer de trois
fois le montant du loyer) pour accéder à un bail, le logement social est
de plus en plus un passage obligé, y compris pour les classes moyennes
parisiennes dont 24 % ont choisi d’y loger. Un aspect du problème
négligé par les élus macronistes, apparemment plus motivés par une
posture idéologique.
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