Garde
à vue à rallonge, mise en examen... des dizaines d’élèves qui voulaient
occuper le lycée Arago ont été réprimés dans des conditions
invraisemblables.
«On
n’est plus dans un État de droit ! » Pierre ne décolère pas. Sa fille
Jeanne, 16 ans, fait partie de la centaine de personnes, dont une
quarantaine de mineurs, interpellées mardi soir à Paris, alors qu’elles
tentaient d’occuper le lycée Arago pour dénoncer la loi Vidal et
Parcoursup. Un coup de filet opéré dans des conditions ahurissantes. Et
qui se traduit, depuis deux jours, par une répression invraisemblable.
Tout a débuté après la manifestation des fonctionnaires.
Vers 19 heures, des dizaines de jeunes décident de pénétrer dans cet
établissement afin d’organiser une AG. Alertés, les CRS débarquent en
nombre. Fouilles brutales, palpations, interpellations au hasard… une
soixantaine de ces jeunes atterrissent dans les bus de la police, garés
sur le parking du commissariat du 19e. « Ma fille y est restée enfermée
pendant 5 heures, sans eau, sans accès aux toilettes, ni possibilité de
communiquer », raconte Pierre. Tous sont finalement dispatchés dans
divers commissariats et placés en garde à vue (GAV) bien après le délai
maximal de 4 heures de rétention. Et sans que les parents ne soient
informés ! Les GAV vont durer 24 heures, parfois plus. Et seront rudes.
Une élève, sous le choc, devra être hospitalisée. « D’autres se sont
retrouvés avec des détenus majeurs, dont l’un déféquait à même le sol »,
assure Pierre. Les motifs d’arrestation, eux, restent flous :
« attroupement », « intrusion », « vols », « dégradations »… « En fait
de dégradations, il s’agit de chaises renversées, quelques tags sur des
tables et une vitre brisée par les CRS qui essayaient de rentrer »,
témoigne un des lycéens. Lucie Simon, membre d’un collectif d’avocats,
se dit « choquée » et évoque « des dossiers vides ».
Las, une vingtaine de ces adolescents ont tout de même été
déférés, jeudi, au tribunal de grande instance, en vue d’une mise en
examen. Rien de moins. Pierre n’en revient pas : « Le gouvernement
exerce une répression féroce car il redoute que les lycéens ne bougent,
c’est inadmissible. » De la FSU à la FCPE, de nombreuses voix s’élèvent
pour dénoncer cette intervention disproportionnée. Nicolas
Bonnet-Oulaldj, président du groupe PCF-FG au Conseil de Paris, a
interpellé le préfet de police. Pierre, lui, a déjà décidé de monter un
« collectif du 22 mai ». Et s’apprête à saisir le Défenseur des droits.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire