jeudi 9 février 2012

Dans le laboratoire de l’écolo-bourgeoisie

par Olivier Cyran
Longtemps, le parti des Verts allemands a semblé vouloir faire de la politique autrement, loin des Parlements. Héritiers de la contestation des années 1960, les Grünen ont lutté contre le nucléaire, expérimenté de nouvelles formes de vie collective. Forts de résultats électoraux encourageants, leurs dirigeants tentent de concilier écologie, économie et jeu institutionnel. A Hambourg, le compromis donne des résultats surprenants.
Le quartier le plus chic de Hambourg est aussi le plus écologique. Cela ne se remarque pas du premier coup d’œil lorsqu’on se tient au pied de la Marco Polo Tower, seize étages de haut standing à l’architecture avant-gardiste évoquant des tranches de pain de mie empilées de travers les unes sur les autres, où un appartement moyen se vend 3,7 millions d’euros.
L’amour de la nature n’apparaît pas plus évident lorsqu’on tourne la tête vers l’édifice voisin, où Unilever a inauguré son nouveau quartier général. Les vingt-cinq mille mètres carrés dévolus au géant mondial de l’agroalimentaire et des cosmétiques représentent pourtant la surface la plus importante jamais équipée en ampoules électriques à basse consommation. « Tout le bâtiment a été conçu selon les normes les plus strictes en matière de respect de l’environnement », récite fièrement le préposé à l’accueil. L’atrium du rez-de-chaussée a même été équipé d’un « système de récupération de chaleur dernier cri », explique-t-il en levant l’index vers l’immense plafond en verre.
La tour Marco Polo et le siège d’Unilever constituent les principaux joyaux de HafenCity, le nouveau quartier d’affaires de Hambourg, qui compte cent cinquante-cinq hectares de bureaux et de logements de luxe greffés sur les entrepôts en brique rouge de l’ancienne Speicherstadt, au bord de l’Elbe. D’ici à la fin du chantier, prévue pour 2025, cette version nordique de Dubaï doit accueillir quarante mille emplois et douze mille habitants issus des « classes créatives », ainsi que les appellent les promoteurs du projet. L’Elbphilharmonie, un auditorium de prestige que la ville finance à hauteur de 351 millions d’euros, assurera le côté culturel de l’entreprise.
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