Le Sénat a rejeté, jeudi 16 février 2012, la proposition de loi
déposée par le groupe communiste tendant à interdire les licenciements
boursiers. Cette proposition de loi modifiait le code du travail, en
prévoyant qu’« est réputé sans cause réelle et sérieuse le licenciement
pour motif économique prononcé par une entreprise qui a distribué des
dividendes au titre du dernier exercice comptable ». Par Jeanne Fidaz.
Elle reprenait une mesure-phare du programme du Front de gauche,
l’Humain d’abord ! qui prévoit « d’interdire les licenciements boursiers
et la redistribution de dividendes pour les entreprises qui licencient
». Elle visait à stopper l’hémorragie des emplois industriels – dont 500
000 ont disparu ces cinq dernières années – et à remettre la finance au
service de l’économie. Sans rétablir l’autorisation administrative de
licenciement, elle mobilisait l’inspection du travail, dont le
procès-verbal aurait pu être utilisé devant le juge pour aider les
salariés à faire valoir leurs droits.
Six voix ont manqué à l’adoption de cette proposition de loi ;
12 sénateurs du groupe du Rassemblement démocratique et social européen
se sont abstenus (principalement des radicaux de gauche, dont
Jean-Michel Baylet). Cette proposition de loi aurait pourtant
pu être un point d’appui fort en cas de victoire de la gauche au
printemps prochain : l’Assemblée nationale n’aurait eu qu’à la voter en
termes identiques pour qu’elle devienne applicable.
Nous nous réjouissons que le groupe socialiste et que le groupe
écologiste aient voté en faveur de cette modification législative, alors
même que l’interdiction des licenciements boursiers ne figure ni dans
les 60 propositions du candidat socialiste à l’élection présidentielle,
ni dans l’accord PS-EELV. Nous notons cependant que s’il « n’y avait pas
de communistes en France », cette proposition identitaire de la gauche
ne serait pas défendue dans le débat public.
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