Des fraises en hiver : fabriqué par la publicité, ce rêve de
consommateur est, on le sait, un cauchemar écologique, aussi bien pour
l’eau massivement gaspillée que pour les pesticides employés dans la
production. On sait moins qu’il est aussi, pour ceux qui produisent ces
fraises sous les serres andalouses, un cauchemar social. Une mission
d’enquête mandatée par la Fédération internationale des ligues des
droits de l’Homme (FIDH) rendait aujourd’hui son rapport sur les conditions de travail des quelque 50 000 personnes qui constituent la main-d’œuvre de cette cette production saisonnière.
Majoritairement composée de travailleurs migrants, et surtout de femmes, cette population est régie par le système de la contratación en origen, qui permet aux patrons, en accord avec la Région et les syndicats, de « recruter
“à la source” dans leur pays d’origine quelques milliers de personnes
qui seront convoyées puis réparties dans les plantations où elles
travailleront jusqu’à la fin de la saison de la fraise, s’engageant à
revenir dans leur pays dès la fin de leur contrat ».
Depuis que la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie sont entrées dans l’Union européenne, « le
recrutement à la source concerne désormais des travailleuses
marocaines. Ce système original est souvent érigé en exemple des
avantages de la migration circulaire, un modèle promu par les
institutions de l’UE afin de pourvoir aux besoins en main-d’œuvre de
l’Europe tout en garantissant la non-installation des migrants sur son
sol », souligne le rapport.
Mais, sur le terrain, les enquêteurs de la FIDH ont découvert « un
certain nombre de problèmes psycho-sociaux dans la communauté des
travailleuses marocaines. Par exemple, les femmes enceintes font tout
pour dissimuler leur grossesse à leur employeur car elles craignent de
devoir arrêter de travailler et donc renoncer à la saison.
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