lundi 17 avril 2017

Référendum Turquie : « Une prétendue victoire électorale mais une réelle défaite politique cinglante »

Par 51,3 % seulement des votes exprimés, le projet de réforme constitutionnelle d'Erdogan ouvre la voie à une nouvelle dictature en Turquie.



Cette prétendue victoire d'une courte tête n'en est pas moins une défaite politique cinglante pour Erdogan.

Les électeurs des grandes villes (Istanbul, Ankara, Izmir, Diyarbakir, Adana) ont sans ambiguïté voté NON/

Les observateurs internationaux déployés par les organisations démocratiques sur tout le territoire témoignent d'un scrutin émaillé de nombreuses irrégularités, y compris à l'étranger, et de violents incidents dans des dizaines de bureaux de vote faisant notamment 3 morts à Diyarbakir.



Le HDP et le CHP contestent ces résultats et demandent un nouveau décompte qui pourrait porter sur une différence de 3 à 4 %.

Le président turc aux velléités de dictateur à vie avait pourtant cherché à réunir toutes les conditions pour que le référendum tourne en plébiscite personnel.



Depuis l'échec de la tentative de coup d'Etat du 16 juillet 2016 et l'instauration de l'état d'urgence, 130 000 fonctionnaires ont été radiés, plus de 40 000 personnes arrêtées et emprisonnées, parmi lesquelles 150journalistes, des dizaines d'universitaires et d'élus, maires et députés du Parti démocratique des peuples (HDP) – dont ses deux co-présidents, Selahattin Demirtaš et Figen Yüksekdağ – qui, aux élections de juin 2015, avait privé Erdogan et son parti l'AKP d'une majorité au Parlement.

5 000 cadres et militants du HDP sont sous les verrous et, jusqu'à la veille du scrutin, près de 200 scrutateurs et assesseurs ont été arrêtés dans tout le pays.



La campagne publique du NON a été quasiment interdite. Les menaces et chantages au vote, le clientélisme, et l'omniprésence médiatique d'Erdogan ont saturé l'atmosphère.

Dans l'Anatolie du Sud-Est, la guerre d'Erdogan contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) reprise à l'été 2015, détruisant des villes entières et faisant des centaines de victimes, a placé le vote sous la pression d'une présence pesante des forces armées et de sécurité.



Le Parti communiste français salue le courage des militants du HDP et de toutes les forces démocratiques et progressistes qui ont mené campagne pour la paix et la démocratie en appelant à voter NON à ce référendum et en exigeant un scrutin transparent. Le PCF leur réaffirme sa pleine solidarité et son soutien.

Malgré un résultat contestable qui doit tout aux fraudes, à la peur et à la haine, nombreux sont les femmes et les hommes de Turquie qui restent profondément attachés à une république laïque et à un régime démocratique.

#StopErdogan : le PCF appelle à faire massivement grandir la solidarité internationale avec toutes les forces démocratiques et progressistes de Turquie, les militants et responsables du HDP, les militants des droits humains, de la paix, de l'égalité, du multiculturalisme et de la reconnaissance des minorités, de la liberté d'expression et de la justice sociale en Turquie.



Le PCF appelle le gouvernement français à soutenir les démocrates et progressistes de Turquie et à agir pour la libération immédiate des 10 000 prisonniers politiques et la reprise sine die de négociations de paix dans le pays.



Parti communiste français,

Paris, le 16 avril 2017

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