Dans la perspective du centenaire de la Première Guerre mondiale, le général Bach, entouré de l'historien Claude Pennetier, et de Jean-Pierre Dubois, Gilles Manceron et Michel Tubiana, respectivement président, vice-président et président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme, prennent position dans Mediapart pour une réhabilitation individuelle de chacun des soldats concernés.
L'idée qu'il faut réhabiliter les fusillés pour l'exemple de la Première Guerre mondiale fait son chemin. La première fois qu'un Premier ministre, Lionel Jospin, l'avait exprimée, en 1998, elle avait suscité de vives polémiques. Depuis, dans son discours de Douaumont le 11 novembre 2008, le président Sarkozy l'a reprise en partie à son compte, et, un an plus tard, à l'Arc de Triomphe, il a évoqué de nouveau les « fusillés pour l'exemple qui attendent encore qu'on leur rende justice ».
Tout en se réjouissant de cette évolution des autorités de la République à l'approche du centenaire de la Grande Guerre, il nous paraît légitime qu'une association comme la Ligue des droits de l'Homme, qui s'est mobilisée dès l'époque du conflit contre des décisions arbitraires des conseils de guerre, ainsi que des historiens qui se sont penchés sur différents aspects de cette histoire, donnent leur point de vue sur les formes que devrait prendre à leurs yeux une telle réhabilitation.
Grâce aux campagnes menées après la guerre, des condamnations ont déjà été levées, comme celle des «caporaux de Souain » dont l'instituteur Théophile Maupas, défendu avec opiniâtreté par sa veuve, Blanche Maupas. Mais beaucoup d'autres cas sont restés dans l'ombre et nombre d'injustices n'ont pas été réparées. Comme pour Jean Chapelant, sous-lieutenant de 23 ans ramené blessé dans ses lignes, en octobre 1914 dans la Somme, accusé de « capitulation en rase campagne », condamné à mort et fusillé, attaché sur un brancard. Ou Léonard Leymarie, soldat du 305e régiment d'infanterie, condamné à mort et fusillé dans l'Aisne en décembre 1914, pour mutilation volontaire et abandon de poste, alors que des témoignages indiquaient qu'il avait été blessé à la main à son poste de guetteur dans une tranchée.
Des familles demandent que la lumière soit faite sur le sort d'ancêtres qui font partie des 140 000 militaires français morts durant la guerre, mais qui, d'après un fichier établi par l'administration des Anciens combattants, n'ont pas eu droit à la mention « mort pour la France ».
Au total, on estime que, pendant le conflit, plus de 600 militaires français ont été exécutés suite à la condamnation d'un conseil de guerre. Mais ces tribunaux ont prononcé au total quelque 140 000 décisions, dont environ 1 800 condamnations à mort commuées ensuite en d'autres peines, et ont infligé d'autres décisions que la mort : des peines de travaux forcés, des peines de « travaux publics », c'est-à-dire de déportation vers des bagnes et chantiers coloniaux, des peines de détention dans des forteresses ou des camps militaires, et des peines de prison, parfois commuées elles aussi au profit d'un retour au front. Or un grand nombre de soldats condamnés à ces peines, ou dont la peine de mort a été commuée en l'une d'entre elles, sont morts, eux aussi, avant de retrouver la France ou la liberté, sans que leur nom figure sur les monuments aux morts.
S'y ajoutent les victimes d'exécutions sans jugement dont le nombre est impossible à déterminer car elles ont laissé moins de traces dans les archives comme dans les récits...........
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