Constatons ensemble le triste et inquiétant état des lieux dans lequel nous devons bâtir ce budget.
Il y a une crise économique sans précédente depuis les sombres années 30. Une crise dont même le Premier ministre – que l’on ne peut suspecter d’accointance avec les idées marxistes – est obligé de reconnaître mercredi à l’Assemblée Nationale qu’elle trouve son origine dans « les avanies du système capitaliste ».
Les chiffres et les rapports s’accumulent chaque jour pour attester de la gravité d’une situation qui affecte la grande majorité de la population… sauf pour les 0,01 % qui depuis l’avènement de l’aire Sarkozy ont vu leurs revenus augmenter de 46 %.
Regardons dans notre département les effets d’une politique qui mise toute sur la compétitivité, la précarisation et le démantèlement des services publics.
Le chômage a gagné 3 points en seulement 2 ans. Il touche aujourd'hui 9,2 % de la population active, c’est à dire 67 000 isérois. Entre 2008 et 2009, c’est le chômage des jeunes qui a « progressé » de 22 % et de 32 % chez les plus de 50 ans.
Les conséquences au quotidien de cette situation viennent d’être mises à jour publiquement par l’Observatoire de la Vie Familiale de l’Isère. Aujourd’hui, pour près de 50 % des familles iséroises interrogés, il reste moins de 250 euros de « reste à vivre », après avoir payer leurs charges. Cela ce se traduit par des sacrifices sur l’habillement des enfants ou des économies sur la santé.
En attribuant le RSA, le Département est en première ligne pour voir l'explosion de cette précarité, avec plus de 25 % de bénéficiaires en 9 mois.
Premier constat : il y a urgence sociale aujourd'hui en Isère, comme dans l'ensemble du pays. La très forte mobilisation populaire sur les retraites en est un signe révélateur.
Autre constat qui amène à plus d’inquiétude encore : la réponse de l’Etat à cette crise.
Au lieu d’engager un véritable partenariat avec les collectivités territoriales pour assurer une synergie dans les réponses aux difficultés de nos concitoyens et accroitre les moyens d’actions, l’Etat choisit les banques contre les territoires.
Gel des dotations pendant trois ans, réforme de la TP qui étrangle les finances locales… sans parler des transferts de charges non-compensés qui s’élèvent pour notre seul département à 246 millions depuis la loi Raffarin de 2004, voilà le traitement que réserve l’Etat aux collectivités territoriales qui sont les plus proches des citoyens.
A l’assèchement des moyens de financement, s’ajoute une reforme plus pernicieuse encore : la réforme des collectivités territoriales, votée il y a maintenant 10 jours.
Accompagnant l’étranglement financier des collectivités territoriales, cette loi fait prendre à notre organisation territoriale le virage libéral qui a pourtant couté si cher à notre économie. Elle a pour but explicite de s’attaquer à la démocratie de proximité, d’organiser la concurrence entre les territoires, d’étrangler les moyens des collectivités territoriales et de livrer en pâture les services publics de proximité au capital… du moins pour les territoires qui auront un intérêt pour le secteur privé, les autres étant laissés à l’abandon.
Au moment même où les Français piégés par la crise du capitalisme voient leurs conditions de vie quotidienne précarisées et qu’ils attendent des collectivités les plus proches d’eux plus de soutiens encore, le gouvernement fait le choix du pire en remettant en cause les principes fondateurs de notre République : l’égalité territoriale et le devoir de solidarité.
C’est face au tsunami économique, et face aux choix politiques nationaux de la rigueur que notre débat d’orientation budgétaire prend toute sa signification
Plus que jamais, les mots que vous prononciez, ici même, Monsieur le Président, le 20 mars 2008, prennent un sens encore plus vivace : « depuis 2001, cette majorité a travaillé avec conviction et avec détermination pour mettre en œuvre une action départementale efficace au service de compétences sans cesse plus nombreuses et plus lourdes. Cette action, je vous propose de l’amplifier encore. ». C’est à l’aune de cet engagement que nous avons géré la destinée de ce département.
Aujourd’hui, dans la crise économique, sociale et politique, les Isérois attendent plus que jamais que nous amplifions notre action. Dès lors, les orientations budgétaires, qui sont les nôtres aujourd’hui, doivent être le reflet de nos engagements de 2008, ancrées résolument à gauche.
Nous avons craint un temps à la tentation de la « gestion pour la gestion » dans l’élaboration de ce budget 2011.
Nous vous avons donc alerté, en tant que groupe partenaire de la majorité, et avec d'autres élus de cette majorité, pour redonner un sens plus social à un budget qui regardait trop les contraintes économiques.
Nos propositions d’approches budgétaires, si elles n’ont pas reçues votre total assentiment, le groupe communiste et de la gauche partenaire a été entendue sur certains de vos arbitrages.
Bien que respectueux de votre engagement à maitriser les dépenses, nous nous voulons respectueux de notre engagement de 2008.
Face à la volonté de démantèlement de la démocratie de proximité, il nous faut montrer que nous ne cédons pas à l’esprit malfaisant de la réforme territoriale, portée par Nicolas Sarkozy.
Oui, le Conseil général, et sa majorité de gauche, a les moyens et le devoir de maintenir ses ambitions d’Innovation, de Solidarité, d’Ecologie, de Responsabilité et d’Emancipation. Oui, il faut nous battre pour défendre les collectivités territoriales et les acteurs de terrains.
Si un examen attentif et positif peut encore être fait sur certains points des orientations budgétaires à voter en décembre, nous attendons aussi le compte administratif 2010 pour connaître l’ampleur de nos réels marges de manœuvres.
Pour nous, en définitive, l’enjeu est double :
faire reconnaître à l’Etat son dû à l’égard de notre département
s’engager dans la reconquête d’avancées politiques que les restrictions budgétaires menacent.
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