Un monstre transatlantique. C’est ainsi que l’ONG « Les Amis de la
Terre Europe » qualifie le futur Traité de libre échange
américano-européen. Le projet est en discussion au niveau des députés
européens et des gouvernements nationaux. Mercredi et jeudi, au moment
où nous bouclons ce numéro, le parlement européen devait voter les
termes du mandat de la négociation entre l’UE et les Etats Unis qui doit
débuter la mi-juin.
La bataille sur l’exception culturelle
apparue en première ligne à la faveur du rendez-vous de Cannes n’est que
l’arbre qui cache la forêt. Le projet d’accord en discussion, s’il
aboutissait, frapperait tous les pans de la société. Industrie,
agriculture, environnement, culture, services... Il ferait gagner,
dit-on dans les officines de la Troïka, plus de 100 milliards de dollars
à l’Union européenne et presque autant aux Etats Unis. Mais dans
quelles poches ira cet argent et à quel prix ? Au prix du renoncement à
toutes les normes et règles qui sont le socle des nations européennes.
Ce sont des règles « trop contraignantes » pour ce qui serait le plus
grand marché de libre échange du monde. Il faudra « éliminer toutes les
entraves » et se conformer aux standards de l’OMC. Autrement dit,
harmoniser à la baisse, les réglementations et normes qui limitent ou
empêchent une totale et libre circulation des produits agricoles,
industriels, culturels et de services. Le projet ne tombe pas du ciel.
Cela fait longtemps qu’il mûrit dans les bureaux de la Maison blanche et
de Bruxelles. Aujourd’hui, comme le dit Bruce Stockes, responsable d’un
fonds américano-germanique « le capitalisme version occidentale doit
rester la norme au lieu du capitalisme d’Etat chinois ». Barak Obama
déclarait en mars dernier « les Européens ont besoin d’un accord car ils
ont du mal à trouver une recette de croissance ». Il ajoutait,
répondant à Manuel Barroso lui proposant de reprendre les discussions
sur cet accord, qu’il s’agissait clairement, pour les Etats-Unis « de
défendre les emplois américains », pendant que Hillary Clinton
qualifiait le projet « d’Otan économique ».
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